Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé son intention de supprimer plusieurs pistes cyclables au centre-ville de Toronto. Prétendant qu’ils aggravent les embouteillages, Ford relance un débat sur la place du vélo et de la voiture dans la métropole canadienne. Cette décision, jugée politique par ses détracteurs, suscite une forte opposition de la part des cyclistes bien sûr, mais aussi des élus locaux ou encore des commerçants.
Toronto : Doug Ford, fervent défenseur de l’automobile
Doug Ford n’en est pas à sa première polémique. Fidèle à une vision très « pro-car », il s’attaque cette fois aux pistes cyclables de Toronto. Parmi les axes ciblés : la rue Bloor, la rue Yonge et l’avenue University, artères majeures de la ville où la cohabitation entre vélo et voiture est déjà un sujet sensible.
Le premier ministre de l’Ontario affirme que cette infrastructure aggrave les embouteillages. Cependant, il n’existe aucune donnée pour étayer ses propos. Pour les opposants à cette mesure, il s’agit avant tout d’une stratégie électorale : flatter l’électorat des banlieues au détriment de la qualité de vie du centre-ville.
« Lui et d’autres sont coincés dans les embouteillages parce qu’il y a trop de gens seuls dans leur voiture et ils essaient de faire des cyclistes des boucs émissaires. C’est absurde. » Albert Koehl, avocat spécialisé dans l’environnement et auteur de Wheeling Through Toronto, a déclaré au Guardian.
Une tradition fordienne ?
Doug Ford, comme son frère Rob avant lui, incarne une politique pro-automobile qui s’oppose directement aux ambitions d’une ville plus durable et plus cyclable. Rob Ford, maire controversé de Toronto de 2010 à 2014 (décédé depuis), a fait du démantèlement des pistes cyclables un de ses chevaux de bataille.
En 2013, il déclarait sans ambages : « Les rues sont faites pour les voitures, les camions et les bus… pas pour les vélos. » Doug Ford semble prendre le relais, avec des décisions tout aussi controversées. La continuité des politiques anti-cyclisme entre les deux frères Ford ne peut que faire écho à leur nom de famille : Ford, l’un des symboles historiques de l’automobile. Leur vision d’un urbanisme centré sur l’automobile semble inscrite dans leur ADN politique.
Olivia Chow, la mairesse de Toronto, s’y oppose…
Le conseil municipal de Toronto a vivement réagi, votant à une large majorité contre le projet de loi provincial qui démantelerait ces pistes cyclables. Les élus soulignent que ces aménagements visent à protéger les cyclistes. Depuis le début de l’année, six cyclistes ont été tués en ville, dont cinq sur des routes sans infrastructures dédiées.
« Le démantèlement des routes ne fera qu’aggraver les embouteillages, surtout pendant la période de démantèlement. Cela coûte cher et rendra nos routes moins sécuritaires pour les cyclistes.« , a clamé Olivia Chow, la maire de Toronto.
La municipalité a publié un rapport précisant le coût du retrait de ces pistes cyclables : 48 millions de dollars, pas moins. Un coût assez largement surestimé, dans le but de renvoyer le premier ministre de l’Ontario dans les cordes.
…et les commerçants aussi
Le plus cocasse dans cette histoire, ce sont les commerçants, qui se mobilisent habituellement autour de la cause de l’automobile, mais qui réclament cette fois l’entretien des pistes cyclables. Le Bloor Annex Business, l’association des commerçants d’une des artères concernées, indique que leur chiffre d’affaires a considérablement augmenté depuis que les pistes cyclables passent juste devant leurs commerces.
« Toutes les données dont nous disposons nous montrent que les pistes cyclables sont bonnes pour les affaires, améliorent la sécurité de tous les usagers de la route et réduisent les embouteillages.« , a déclaré Brian Burchell, le président de l’association, au journal Toronto City News.
Cette volonté de supprimer les pistes cyclables s’inscrit dans une vision urbaine centrée sur l’automobile. Doug Ford, comme son frère Rob avant lui, préfère se concentrer sur l’élargissement des routes et la construction d’autoroutes pour lutter contre les embouteillages. Comme on dit là-bas : « Une voie de plus devrait résoudre le problème« …
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