Ilan Pappé, un historien israélien contre Netanyahu

Dans ce qu’on appelle la Nakba, cet exode au cours duquel 800 000 Palestiniens ont dû fuir leurs terres, Ilan Pappé dénonce un «nettoyage ethnique» décidée par Israël, et qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. De quels crimes accuse-t-il Israël dans le passé, et quel point de vue a-t-il sur la politique de Netanyahu aujourd’hui ?

Un nouveau nom

Le sujet de recherche n’est pas nouveau, mais c’est l’approche qu’il réinvente. Ilan Pappé souligne que le terme Nakba, catastrophe en arabe, se concentre sur les victimes de l’événement mais échappe à ceux qui en sont à l’origine.  » En regardant les preuves, je voulais savoir qui était responsable de ce désastre. Grâce à mes recherches, reconstituées dans ce livre, j’ai pu identifier un groupe de politiciens et de généraux israéliens qui ont décidé et organisé l’expulsion massive des Palestiniens en 1948 comme condition préalable à la création de l’État d’Israël. Compte tenu des définitions juridiques et académiques existantes et de la nature de cette opération, j’ai trouvé que le terme nettoyage ethnique correspondait véritablement aux événements de 1948 en Palestine.  » Son travail – Le nettoyage ethnique de la Palestine publié par La Fabrique – retrace l’évolution progressive du plan Daleth adopté le 10 mars 1948 par les dirigeants sionistes dirigés par David Ben Gourion. Plan qui a servi de feuille de route pour l’occupation, l’intimidation et l’expulsion des Palestiniens dans les territoires revendiqués par l’État juif naissant.

La paix à travers l’histoire ?

Dans ce  » crime » fondateur, est aussi le germe du conflit israélo-palestinien, assure-t-il. Une guerre qui dure maintenant depuis plus de 70 ans et qui ne semble pas près de trouver une fin. Contrairement à l’idée de créer un État commun, qui s’opposait au projet sioniste initial d’un pays à majorité juive, c’est l’idée d’une partition du territoire qui triompha en 1948 avec l’approbation de l’ONU et qui fut accompagné d’un exode massif de Palestiniens.  » On voit aujourd’hui quel est le résultat de cette décision de créer un État juif contre la volonté des Palestiniens, de leur imposer et d’espérer qu’ils vivront avec sans résister. Sa création contre la volonté des indigènes est au cœur du conflit. Il faudra trouver un cadre politique différent, sinon la guerre sera sans fin.  » Pour Ilan Pappé, les historiens ont tout leur rôle à jouer dans ce processus. Il s’agit d’abord pour Israël de faire face à ce passé en laissant de côté la thèse d’un « miracle historique » qui a imprégné les récits de sa création. Même si elle semble aujourd’hui très incertaine, » la paix est toujours possible « .