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« Il y avait du sang partout » : le récit d’un touriste français présent lors de l’attentat en Afghanistan

« Elle est devenue complètement blanche (…) elle m’a dit : J’ai froid, j’ai froid… je vais mourir », a raconté à l’AFP Anne-France Brill, une touriste française, qui se trouvait à Bamiyan en Afghanistan, en voyage organisé, au moment de l’attaque meurtrière, survenue vendredi 17 mai.

Si, aux premiers coups de feu, la Française a d’abord cru qu’il s’agissait d’une fête sur le marché où son groupe s’était arrêté pour acheter des fruits, la réalité l’a rattrapée lorsqu’elle a entendu un autre touriste, de nationalité, crier. lituanienne, et qu’elle « s’est rendu compte qu’elle avait du sang partout dans le ventre », a-t-elle déclaré.

Trois touristes espagnols tués

La Française de 55 ans était assise dans l’une des deux camionnettes du groupe lorsqu’un homme armé s’est approché pour ouvrir le feu sur le véhicule. « Il y avait vraiment du sang partout entre nous », a-t-elle témoigné.

Un autre touriste du groupe, un ressortissant norvégien, a été blessé. Leur chauffeur, plus grièvement blessé, était l’un des trois Afghans tués dans l’attaque, au cours de laquelle trois touristes espagnols ont également perdu la vie. Même si la rafale n’a duré que quelques secondes, le temps a paru très long aux touristes accroupis sur le plancher du van.

Les autorités sont arrivées « au bout d’un quart d’heure environ » et ont « bloqué » la rue, explique Anne-France Brill, originaire de Courbevoie en région parisienne. Les blessés ont été entassés à l’arrière de camions appartenant aux autorités talibanes et transportés d’urgence à l’hôpital de Bamiyan puis à Kaboul.

« J’ai pleuré comme une madeleine »

Après le drame, les survivants sont rentrés indemnes à leur hôtel. Ils ont été exfiltrés dans la nuit vers Kaboul, où ils ont été accueillis par une délégation de l’Union européenne. Avant de quitter Bamiyan, le touriste français a réussi à récupérer les affaires « malheureusement ensanglantées » appartenant aux personnes tuées et blessées dans l’attaque.

« Mais c’est tellement important pour les familles, alors on a essayé de récupérer tout ce qu’on pouvait », confie Anne-France Brill. Parmi ces objets figure le sac à dos d’une jeune Espagnole, tuée lors de l’attaque avec sa mère. Leurs corps, ainsi que celui de la troisième victime, seront rapatriés en Espagne.

Anne-France Brill et deux Américains ont pris des vols de Kaboul à Dubaï. L’état de choc psychologique s’est manifesté au moment de récupérer les bagages sur le tapis roulant : « J’ai pleuré comme une madeleine (…) en me disant ça y est maintenant je suis sûr », confie le quinquagénaire, qui travaille dans le marketing.

Ce voyageur solitaire échangeait des conseils sur WhatsApp avec d’autres membres du groupe avant d’arriver en Afghanistan. Mais aujourd’hui, ses conversations consistent principalement à prendre des nouvelles de ses camarades de voyage blessés. « Quelque chose comme ça vous arrive, ça crée des liens. Oui, c’est sûr », conclut Anne-France Brill.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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