"Il y a une transition forte sur ce projet, il est temps de sortir vainqueur", estime Pierre Hurmic
Les nouvelles les plus importantes de la journée

« Il y a une transition forte sur ce projet, il est temps de sortir vainqueur », estime Pierre Hurmic

« Il y a une transition forte sur ce projet, il est temps de sortir vainqueur », estime Pierre Hurmic

Le collectif « LGV, non merci », rejoint par les Soulèvements de la Terre, s’est rassemblé tout le week-end à Lerm-et-Musset, au sud de Bordeaux, pour une grande manifestation contre le projet LGV au Sud-Ouest. Une opération intitulée « Freinage d’urgence contre les LGV », qui doit permettre au mouvement de prendre une nouvelle dimension.

Plusieurs élus locaux, notamment en Gironde, sont également opposés au projet, plaidant pour une rénovation des lignes existantes. Parmi eux, le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, a été l’un des premiers opposants au projet GPSO. 20 minutes l’interrogea.

Allez-vous manifester ce week-end avec des opposants contre le projet LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax ?

Non, parce que c’est une manifestation interdite, dans ces conditions, je n’irai pas. Mais je vois la colère qui grandit et je pense qu’il faut prendre des mesures pour y mettre un terme. Cinq sénateurs girondins sur six, opposés au projet, ont demandé qu’une consultation citoyenne soit organisée. Il faut les entendre. Il y a aussi l’appel que nous avons signé avec les maires de Bayonne et d’Irun, pour la rénovation des lignes existantes. Nous avons été rejoints par plus de 1 000 signataires, dont une centaine de maires. Ce sont des avertissements auxquels les gouvernements successifs refusent de tenir compte. Il y a une transition forte qui s’opère autour de ce projet, il est temps de prendre le dessus.

Ne pensez-vous pas qu’il est trop tard pour arrêter le projet ?

Non, il n’est jamais trop tard. Le projet de Notre-Dame-des-Landes, qui était très avancé, a été arrêté car le gouvernement a appris qu’il ne respectait plus les nouvelles orientations climatiques. Je constate au passage que Notre-Dame-des-Landes était trois fois moins artificialisée que le GPSO, qui couvre 4 830 hectares de terres naturelles, agricoles et forestières qui vont disparaître.

Vous parlez d’un projet aéroportuaire, alors que le GPSO, c’est du ferroviaire, censé retirer les voitures et les camions de la route, et réduire le trafic aérien…

C’est faux. Le TGV n’est compétitif par rapport à l’avion que pour des temps de trajet inférieurs à trois heures. Là, dans le meilleur des cas, il y aura 3h10 entre Toulouse et Paris. Lorsque le temps de trajet en train était de 3h10 entre Bordeaux et Paris, nous disposions d’une vingtaine de navettes aériennes faisant l’aller-retour. Si vous souhaitez faire l’aller-retour Toulouse-Paris dans la journée, vous ne prendrez pas un train qui mettra plus de trois heures, mais l’avion qui mettra une heure.

La LGV est aussi censée libérer des voies pour développer le fret ferroviaire, ce serait une bonne chose non ?

Le développement des lignes LGV ces vingt dernières années s’est justement accompagné d’un déclin des trains de marchandises, pour des raisons financières : l’argent que vous mettez dans les TGV, vous ne le mettez ni dans le fret ni dans les trains de proximité comme les TER.

La construction de ces LGV permettra cependant la construction d’aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse, notamment pour développer le RER métropolitain et la circulation des TER…

Très bien, mais on s’arrête là, et on modernise les lignes existantes, ce qui est la priorité. Ce dossier est complètement anachronique, il date d’une époque où les impératifs climatiques n’étaient pas pris en compte comme ils le sont aujourd’hui. C’était avant la zéro artificialisation nette des sols (ZAN) imposée aux maires. Et le Premier Ministre a aussi l’opportunité d’économiser 14 milliards d’argent public…

De votre côté, qu’allez-vous faire pour vous faire entendre ?

Je prendrai mon bâton de pèlerin pour rencontrer le nouveau gouvernement. Certes, ce projet est soutenu par le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et le président d’Occitanie, mais il faut aussi écouter les maires. Toutes les portes de sortie vers cette impasse existent.

Quitter la version mobile