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Le champion olympique du 200 m au Mexique en 1968, connu pour avoir brandi son poing ganté de noir sur le podium avec John Carlos, continue de militer pour les droits humains à 80 ans.
Un poing brandi qui résonne encore aujourd’hui. Tommie Smith, champion olympique du 200 m en 1968 au Mexique, est devenu bien plus qu’un athlète. En brandissant son poing ganté de noir sur le podium aux côtés d’un autre Américain, John Carlos, pour protester pour la défense des droits humains et des discriminations raciales dans son pays, le sprinteur est entré dans l’histoire olympique et a pris une autre dimension.
56 ans plus tard, la photo est devenue l’une des plus célèbres du monde du sport et il est devenu une figure des droits civiques. Sa visite en France cette semaine, à un peu plus d’un mois des Jeux Olympiques, était donc hautement symbolique.
Après avoir été invité au Musée de l’Immigration, dans le cadre de son exposition « L’Olympisme, une histoire du monde », Tommie Smith a visité, jeudi 13 juin, le tout nouveau camp de base de la Team USA à Eaubonne (Val-d’Oise). Chemise à fleurs, chapeau de paille et carrure toujours aussi imposante, l’ancien sprinteur doit se déplacer dans une petite voiture, ce scooter électrique pour personnes à mobilité réduite (PMR), mais son aura est toujours la même, à 80 ans, depuis qu’il a été né le jour du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944.
Tommie Smith a martelé un message de paix et de défense des droits civiques, mais il a aussi déploré un manque de politisation de certains sportifs aujourd’hui. « Avec ce qui s’est passé dans le passé, des choses ont été faites. Il est difficile pour les athlètes de s’élever aujourd’hui. Alors ils ne disent rien et restent en retrait. Mon espoir est que quelqu’un, grâce à son éducation, fasse bouger les choses avec un nouveau message, qui n’a pas encore été transmis. »souhaite « Tommie Jet ».
A la fin de sa visite au centre d’entraînement, l’ancien sprinteur a eu droit à un moment d’échange avec des écoliers, venus par dizaines lui faire une standing ovation et l’interroger. « Avez-vous rencontré des personnes célèbres? », a demandé Hélène. De quoi faire sourire l’ancien enseignant, issu d’une famille de 12 enfants élevés dans le sud ségrégationniste du Texas, par des parents paysans dans les champs de coton. « C’est toi, mon héroïne »a répondu l’ancien athlète, très attentif aux enfants, ému aux larmes après les messages vidéo de Roger Bambuck et Ghislaine Barnay, deux anciens athlètes français également très engagés.
Interrogé sur la raison de son geste, Tommie Smith s’est plongé dans ses souvenirs. « J’avais l’impression de faire la bonne chose à ce moment-là. Je faisais mon devoir. À cette époque, on ne demandait pas l’avis des athlètes. Cela me paraissait important de le faire »rembobiné le héros du Mexique.
Exclu de toutes compétitions après son action, à seulement 24 ans, Tommie Smith a perdu son emploi et a reçu des menaces de mort. Après une reconversion de professeur de sociologie, Tommie Smith place toujours, à 80 ans, la transmission au cœur de son existence. « Plus tôt vous apprendrez et vous éduquerez, plus vous serez heureux. Gardez confiance en ce que vous faites. Travaillez sur ce que vous êtes capable de réaliser et vous verrez que cela se réalise. »Tommie Smith l’a déclaré au public d’enfants et d’adolescents.
L’ancien sprinter, seul athlète à avoir détenu onze records du monde simultanément, a pu constater jeudi l’admiration qu’il suscite encore auprès des jeunes générations. « Je pense aux enseignants des jeunes enfants : restez positifs, mettez le sourire sur le visage des enfants. Vous pouvez contribuer à améliorer notre monde en vous impliquant, même si c’est à votre échelle. »
Alors que le racisme dans les stades de football est encore très répandu et que des athlètes comme la Française Rénelle Lamote subissent des insultes racistes sur les réseaux sociaux, Tommie Smith est conscient qu’il y a encore un immense travail à faire en faveur de l’égalité. « Il y a toujours place à progresser. World Athletics et le CIO font du bon travail, mais il y a toujours place à l’amélioration. »il vise.
Tommie Smith a payé cher son geste, à l’aube d’une carrière qui s’annonçait très prometteuse, mais son héritage reste toujours aussi significatif, comme le confirme Pascal Gentil, double médaillé de bronze en taekwondo aux JO de 2000 et 2004, et présent jeudi à Eaubonne. Interrogé sur la valeur de la médaille olympique, Tommie Smith a conclu : « Qu’y a-t-il de plus grand qu’une médaille d’or olympique sur un podium ? Envoi d’un message.