Il n’y a pas que le public de La Rabine qui a fait perdre son sang-froid à Benoît Rousselet samedi soir. L’arbitre de Vannes-UBB avait fait tomber les sifflets des tribunes du stade lors d’un long appel vidéo qui avait donné lieu à deux cartons jaunes sur une seule action pour les Bretons, l’un pour plaquage haut (Surano), l’autre pour contact à la tête. (Saili), un doublé rare, accompagné d’un essai de penalty en faveur des Girondins (56e). Puis c’est l’entraîneur du RCV, présenté devant la presse à minuit, qui, durant le quart d’heure de son intervention médiatique, a progressivement glissé son discours sur l’arbitrage.
Ce fut d’abord par petites touches discrètes, comme un « Il n’y a pas que les joueurs qui ont commis des erreurs… » tout cela en sous-entendus. Jean-Noël Spitzer précise ensuite sa pensée, faisant référence à des situations de ce match au scénario improbable, comme « Hors-jeu sur les coups de pied bordelais qui ne vont pas à 10 mètres » ou un ballon dynamique porté par les Bretons pendant leur période de double infériorité numérique. « On n’a pas compris ce maul à 13, murmura le technicien. Nous faisons des progrès très nets. Pour moi, il y a une situation avantageuse. Je ne comprends pas l’arbitrage à ce stade. »
Les arbitres de la région « bloqués » au plus haut niveau
L’entraîneur, qui vient de prolonger son contrat dans son club de longue date, après avoir écouté Castres, oscillait entre un constat lucide des manquements de son équipe, une absence pour licenciement, de l’indiscipline et une remise en cause de l’arbitrage, pourtant jamais évoqué par ses deux joueurs venus commenter la défaite juste avant lui, Fabrice Metz et Inaki Ayarza. « J’ai un petit problème, je peux le dire : ce sont des matchs télévisés, le soir, l’arbitre voit le score augmenter pour une équipe qui doit jouer le titre… Il va rééquilibrer, évidemment, suggéra-t-il. Les phases de domination ne s’accompagnent pas de la même manière. Nous arbitreons les statuts des clubs. C’est frustrant, tout votre travail de la semaine peut être jeté par terre, balayé. Nous avons ce sentiment, une iniquité. C’est facile de mettre la tête sous l’eau, cela n’aura aucune conséquence. » Avait-il l’impression que Vannes était arbitré comme un enfant ? » Exactement. «
Un reproche classique, que l’on entend chaque saison, de la part d’un promu ou d’un déclassé. Mais Spitzer a voulu aller plus loin, en pesant ses mots, « poli et très mesuré » selon sa propre évaluation. « Il existe d’autres indicateurs, il s’est ainsi développé. C’est bien plus profond que ça. Nommez-moi un arbitre du grand ouest qui arbitre dans le monde professionnel ? Cela fait 10 ans que nous jouons là-bas, 8 ou 9 ans que nous n’avons pas eu d’académie fédérale, nous avons toujours eu de jeunes arbitres là-bas. Aucun n’est entré dans le monde professionnel. Jusqu’à l’année dernière, nous travaillions avec un jeune au comité qui, pour moi, mérite d’aller plus haut, et aujourd’hui il est bloqué. Et il lui a été interdit cette année d’intervenir auprès du club vannais. Je suis très surpris par cette opération. »
Comment a-t-il expliqué cela ? « Il y a beaucoup de convivialité dans le monde du rugby. Il y a une différence entre être considéré et être respecté. » Applaudi pour sa montée en Top 14, la construction patiente de son club, la ferveur et la fidélité de son public, Vannes doute néanmoins de la sincérité de son intégration dans la famille ovale, selon son manager. Qui devra cependant trouver d’autres moyens pour espérer quitter la place de lanterne rouge, après un match où ses troupes ont raté le minimum d’un bonus défensif, un penalty devant les poteaux raté à la dernière minute. Et là, Benoît Rousselet n’y est pas pour grand-chose.