Il rêvait d’ouvrir un bar, son aventure à Saint-Brieuc n’a duré que quelques mois
Ray Richard
Il avait rouvert le Duplex, rue des Trois-Frères-Le Goff, à Saint-Brieuc, début décembre 2023. Le tribunal de commerce de Saint-Brieuc a ordonné la liquidation judiciaire de l’établissement le 3 juillet. De ces six mois à la tête de l’établissement, Thomas Lemarquand, 22 ans, ne garde que de l’amertume. « Je suis fatigué et dégoûté, soupire le jeune homme. J’ai passé une année terrible, je n’ai plus dormi, je n’ai plus eu de vie. Et aujourd’hui, je repars endetté. »
60 000 € investis
Gérer un établissement, vivre derrière un comptoir, il en rêvait depuis tout petit. « Mon père, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère tenaient un bar. J’ai ça dans le sang », assure le natif de Fougères (35). Alors, quand il a vu l’annonce du Duplex il y a un an, celui qui exerce le métier de DJ dans les Côtes-d’Armor a sauté sur l’occasion et a investi 60 000 €. « C’était tout ce que j’avais économisé depuis mes 14 ans. »
Le rêve va vite tourner au cauchemar. Le nouveau gérant base son business plan sur une ouverture jusqu’à 2 heures du matin « pour capter les clients des bars de la place du Chai qui allaient au Mamacita et au 37 Club ». Le problème est que cette dérogation ne sera jamais accordée.
Avis défavorables
Il assure avoir eu un accord oral de la préfecture. Avant de recevoir un mail, peu avant l’ouverture, lui indiquant que, n’ayant pas déposé de dossier de demande de dérogation, il devait fermer à 1h du matin. Il ouvre donc sans cette dérogation pour laquelle il fait une demande qui n’aboutira jamais.
« La préfecture n’a jamais donné d’accord oral », répondent les services de l’Etat, contactés par Le Télégramme. Ils rappellent qu’une enquête a ensuite été menée une fois la demande formellement déposée. « L’étude acoustique réalisée n’était pas conforme et tous les avis recueillis (auprès de la police nationale, de la mairie et de l’Agence régionale de santé, NDLR) étaient défavorables. »
« Saint-Brieuc n’est pas la bonne ville pour ouvrir un établissement de nuit. »
Un travail temporaire pour payer les factures
Thomas Lemarquand, qui se voit refuser l’aide de la mairie, entre lui aussi en conflit avec son propriétaire. Suite à un dégât des eaux, il décide de cesser de payer le loyer, estimant que les travaux n’ont pas été correctement réalisés.
L’établissement, qui avait bien démarré, a rapidement fait faillite. « Je faisais des intérimaires pour payer les factures du bar. Je travaillais le jour et je travaillais derrière le comptoir le soir. » Il a tenté un « dernier sursaut » en changeant le nom du bar, qui est devenu Le Select. Peine perdue. Il a fermé à la mi-juin et déposé une demande de liquidation judiciaire.
Aujourd’hui, il regrette de s’être installé rue des Trois-Frères-Le Goff. « Je n’aurais jamais dû aller dans cette rue. Saint-Brieuc n’est pas la bonne ville pour ouvrir une discothèque. » Il a décidé de ne plus y remettre les pieds.