Il n’y a rien de plus détendu que Laine
Les dirigeants et les joueurs des Canadiens sont divisés en deux camps distincts à la veille du début du camp d’entraînement. Que ce soit Geoff Molson, Jeff Gorton, Kent Hughes ou Martin St-Louis, aucun d’entre eux n’a osé commenter hier les chances de l’équipe de se qualifier pour les séries éliminatoires.
De leur côté, les joueurs croient qu’ils en sont capables. C’est tout à fait légitime. Ces gars-là se nourrissent de défis. C’est leur raison d’être, ce sont des compétiteurs.
Mes collègues Jonathan Bernier, Dave Lévesque et Mylène Richard vous font part de leur état d’esprit dans leurs communications.
Pour ma part, j’y vais avec des réflexions que je retiens du tournoi de golf.
La vie est belle !
Tout d’abord, je commencerai par le nouveau venu Patrik Laine, qui n’est pas le premier à arriver dans la Ligue nationale de hockey.
Alors que tout le monde lui demandait comment il pensait se débrouiller au Zoo de Montréal, Laine semblait être l’homme le plus détendu du monde.
Il rappelait Guido Orefice, le superbe personnage incarné par le non moins admirable Roberto Benigni dans le film culte La vie est belle sur la vie dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Guido fait croire à son fils que les activités dans le camp où ils sont internés sont en réalité un jeu pour son anniversaire.
Quant à Laine, il semble qu’il y ait un lien entre son attitude et les conseils qu’il a reçus lors de son stage au sein du Programme d’aide et de soutien aux joueurs de la Ligue nationale.
Il aurait été découragé au moindre faux pas dans son jeu avec les Blue Jackets de Columbus. La mort subite de son père, Harri, à l’âge de 54 ans en 2021, a également été un coup dur. Il arbore également un tatouage sur son biceps gauche indiquant les dates de naissance et de décès de son père (24/03/67–21/11/21).
Laine a répété deux ou trois fois que le hockey est un jeu et que les joueurs doivent être motivés par la joie de jouer à tout moment.
« Je suis ici pour passer un bon moment ! », a-t-il proclamé avant de prendre congé des journalistes.
S’il marque 40 ou 50 buts comme il l’avait exprimé le jour de son acquisition, ses nouveaux supporters s’en régaleront aussi.
S’il ne produit pas à la hauteur de ses capacités, le temps va être long.
Et s’il n’y a pas d’amélioration ?
Les mots « progrès », « espoir » et « attentes » sont monnaie courante dans le vocabulaire de l’équipe de direction. Mais comme l’a dit Geoff Molson, son équipe fait aussi face à l’inconnu en cette troisième année de reconstruction.
Personne ne peut dire ce que la troupe de Martin Saint-Louis sera capable de faire. Cela se vivra au jour le jour, semaine après semaine, mois après mois.
Et si cela se terminait par un échec ? ai-je demandé à Kent Hughes dans un coin tranquille.
« J’ai vu que les bookmakers de Las Vegas nous placent au même stade que la saison dernière », a-t-il répondu.
« Que signifie 76 points ? », a-t-il dit. « Pour moi, cela voudrait dire qu’il y avait des lacunes. Je ne sais pas pourquoi les gars de Vegas nous classent au même niveau. Peut-être pensent-ils que les Sabres de Buffalo et les Sénateurs d’Ottawa sont meilleurs que nous et que notre gardien n’est pas aussi bon. »
« Pour ma part, j’espère que nous avancerons. C’est une question de nombre de pas que nous ferons. Il y a tellement d’impondérables au cours d’une longue saison. »
Ce que j’en pense
Une participation aux séries éliminatoires serait sans aucun doute un grand pas en avant pour les Canadiens. Mais il y aurait un hic. Tout le monde s’attendrait à ce que l’équipe participe aux séries éliminatoires les années suivantes.
Il est évident que finir à 28 anset se classer pour une troisième saison consécutive serait une énorme déception. Cette équipe doit commencer à grimper dans le classement.
Quelle serait une saison acceptable ?
Maintenez un record d’au moins 0,500, collectez entre 84 et 87 points et terminez dans le top 20et et 22et rangs, positions occupées par les Flyers, le Wild et les Sabres la saison dernière.
Pour être en séries, il faut une récolte d’au moins 91 points, ce qui correspond au nombre de points obtenus par les Capitals de Washington, dernière équipe à se qualifier pour les séries dans l’Est, le printemps dernier.
Saint-Louis n’a rien à prouver
Selon certains, Martin St-Louis ajouterait une pression supplémentaire inutile sur ses épaules en prenant en charge l’attaque massive cette saison. On ne le connaît pas assez pour penser de cette façon.
L’entraîneur a tout défié depuis ses tout débuts au hockey et il ne compte pas s’arrêter aujourd’hui.
Un jour, alors que son ancien entraîneur John Tortorella se plaignait de l’inefficacité de son attaque à cinq hommes, Saint-Louis l’a interpellé à ce sujet.
« Pourquoi ne fais-tu pas des changements si ça ne te convient pas ? » lui a dit St. Louis lors de ses premières années avec le Lightning de Tampa Bay.
« Pourquoi ne me donnes-tu pas une chance d’en faire partie ? »
Le reste appartient à l’histoire.
Slaf est devenu un homme
Juraj Slafkovsky, le joueur au sourire éternel, a maigri. Mais il ne faut pas croire qu’il a perdu de sa puissance. Au contraire, il est plus fort que jamais.
À 20 ans, il est devenu ce que la plupart des joueurs deviennent à cet âge. Il est désormais un homme. Il a fait fondre sa graisse de bébé et a gagné en tonus musculaire.
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