« Il n’y a aucun impact sur les performances économiques de Michelin », assure Florent Menegaux
» Pendant la crise sanitaire, alors que l’entreprise connaissait des difficultés économiques, nous nous sommes demandés si nos salariés étaient protégés. » Une question à laquelle Michelin a répondu par une initiative : des salaires décents.
Le groupe français de pneumatiques a ainsi mis en place, depuis janvier 2024, pour ses 132 000 salariés dans le monde, un salaire destiné à garantir une rémunération équivalente au « salaire vital » tel que défini par le Pacte mondial des Nations unies. L’initiative puise sa source dans le Pacte mondial de l’ONU, qui travaille avec les entreprises pour établir un salaire décent pour tous les travailleurs.
Près de 40 000 euros à Paris, plus à Clermont-Ferrand
« Nous nous sommes rendu compte que les salaires dans l’entreprise étaient bas et ne permettaient pas à une cellule familiale de quatre personnes – deux adultes et deux enfants – de vivre décemment »explique Florent Menegaux, le PDG de Michelin, interrogé par La Tribune lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. Pour mener à bien ce projet, l’entreprise a sollicité l’aide de l’ONG Fair Wage, « qui nous a aidé à tracer partout dans le monde, ville par ville, bassin d’emploi par bassin d’emploi, quel était le niveau de rémunération minimum pour qu’un salaire permette à une famille de quatre personnes de pouvoir se loger, se nourrir, se transporter et se constituer une petite épargne de précaution ».
Concrètement, ce salaire décent correspond en France à 39 638 euros par an pour un salaire brut à Paris et 25 356 euros à Clermont-Ferrand, où se trouve le siège du groupe. Pour rappel, le SMIC s’élève à 21 203 euros brut. « En moyenne, le salaire vital se situe entre 1,5 et 3 fois le salaire minimum », Florianne Viala, directrice des rémunérations du groupe, l’avait précisé en avril dernier. Au Brésil, ce salaire est de 37.347 réaux (pour un salaire minimum de 16.944 réaux) et en Chine de 69.312 yuans (salaire minimum de 29.040 yuans).
« Nous n’avions pas quantifié cette mesure à l’avance »
Interrogé sur le coût d’une telle décision, Florent Menegaux assure qu’il ne peut pas donner de réponse chiffrée, assurant que « il il n’y a aucun impact sur la performance économique » de la compagnie. « D’ailleurs, nous ne l’avions pas calculé à l’avance. »il poursuit en détaillant d’autres mesures mises en place en parallèle : un système de protection universelle, de répartition des résultats, un autre permettant à chaque salarié d’être actionnaire et d’avoir un plan d’actionnariat annuel. « C’est tout cela ensemble qui fait la variation de notre masse salariale. Et je connais l’évolution de la masse salariale qui s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros, mais nos résultats nous le permettent »conclut-il.
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