« Il ne faut pas s’interdire de l’utiliser » : les députés LR débattent de la motion de censure
Ce mardi 2 avril au matin, les députés Républicains ont rendu hommage à Georges Pompidou, décédé il y a 50 ans. Mais ils ont aussi débattu pendant une vingtaine de minutes, lors de leur réunion hebdomadaire, de l’opportunité de déposer ou non une motion de censure à l’Assemblée nationale. Ce qui aurait de fortes chances de faire tomber le gouvernement Attal.
« C’est une arme à notre disposition, il ne faut pas s’abstenir de l’utiliser », a déclaré le président du parti Éric Ciotti, interrogé par la députée corrézienne Frédérique Meunier, selon des propos rapportés par plusieurs participants. L’utiliser oui, mais quand, comment et dans quel but ? De nombreux députés ont voulu l’interroger, à l’image du chef du groupe LR, Olivier Marleix, sur ce sujet brûlant.
« On dit stop ou encore ? »
« Le sujet intéresse le groupe, nous voulons connaître la doctrine de l’emploi », confie l’élu du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger. Souhaitant également comprendre la stratégie de son parti dans ce dossier, son collègue Michel Herbillon a déclamé depuis Racine : « Je m’abandonne aveuglément au destin qui m’attire («Andromaque», acte I scène I) « . Rires dans la salle, mais inquiétude partagée.
Éric Ciotti est resté évasif, ne perdant pas de vue que la conséquence probable d’une motion de censure serait la dissolution de l’Assemblée par le chef de l’Etat. « On dit stop ou encore ? », a interrogé le président du parti, rappelant qu’il fallait être plus offensif sur les questions budgétaires, face à un exécutif qui a montré ces derniers mois (avec le débauchage de Rachida Dati) qu’il voulait « détruire » LR.
« Nous ne pouvons pas continuer ainsi. L’opinion publique commence à s’impatienter, il faut adopter une véritable posture contestataire. L’outil naturel pour y parvenir est la censure. Mais jusqu’alors cela n’était pas applicable, car c’était perçu comme de l’aventurisme par nos électeurs. Mais l’évolution de la situation budgétaire fait que nous avons une opportunité», confie un cadre du groupe.
« Macron ne va pas mettre Bardella à la tête du gouvernement avant les JO »
« Il faut prendre le temps de réfléchir », a néanmoins prévenu la vice-présidente des députés LR, Michèle Tabarot, lors de la réunion. Car les ténors LR sont convaincus qu’une censure avant les JO n’entraînerait pas forcément une dissolution.
« Macron ne va pas mettre Bardella à la tête du gouvernement avant les Jeux olympiques », a déclaré Olivier Marleix. Référence à un sondage Ipsos de décembre 2023 commandé par LR qui indique qu’en cas d’élections législatives anticipées, qui entraîneraient nécessairement une dissolution, c’est le RN qui remporterait la majorité des sièges à l’Assemblée nationale. S’il n’y a pas de dissolution, LR est-il prêt à proposer une alliance à l’exécutif, avec un Premier ministre de droite et quelques points programmatiques essentiels ? La question a également été soulevée mardi matin.
« Pour censurer, il faut qu’il y ait une prise de conscience dans l’opinion publique (d’un problème sérieux) », a commenté Olivier Marleix. La situation économique du pays peut-elle vraiment être une opportunité pour LR ? « Personne ne nous en parle sur les marchés… », reconnaît un député, même s’il est prêt à réfléchir à cette option. Le groupe LR à l’Assemblée nationale a également décidé de lancer une commission d’enquête sur les raisons de « la très forte croissance de la dette sous la présidence d’Emmanuel Macron ».
Si les LR décident de joindre le geste à la parole – on parle d’une motion de censure depuis un an – choisiront-ils de la déposer lors du débat sur le déficit le 29 avril à l’Assemblée ? Ou lors de l’examen d’un un hypothétique projet de loi de finances rectificative avant les vacances d’été ? Les Républicains n’ont pas encore décidé. « L’objectif de Ciotti et Marleix, c’est que les députés mijotent sur le sujet », confie-t-on à la direction du groupe LR.