Sciences et technologies

« Il fut un temps où je comptais le nombre de femmes dans une réunion, il n’y avait que moi. »

ENTRETIEN – A l’occasion du lancement du premier SUV électrique de Range Rover, la patronne de la marque anglaise nous a parlé de son parcours de femme dans le très masculin secteur automobile.

Elle est arrivée à la tête de Range Rover il y a un an. Elle venait de passer trois ans chez Meta, en tant que directrice mondiale de la technologie automobile, après vingt ans au sein du groupe Renault. Geraldine Ingham a passé sa carrière dans l’industrie automobile, mais elle est chez elle ici, en Angleterre. En juillet 2024, la marque légendaire, avec son héritage Britanique aussi rustique que royal (reine Elizabeth II se (qui ne circulait qu’en Range Rover dans ses différentes propriétés), a fêté son premier partenariat avec le tournoi de Wimbledon, comme une évidence. Geraldine Ingham en a profité pour dévoiler le premier modèle électrique de la maison, au design absolument identique à celui d’un Ranger Rover classique. « Nous ne sommes pas les premiers sur ce créneau des SUV électriques, mais nous souhaitions arriver avec une voiture fidèle à l’ADN de la marque », explique la patronne. En tant que femme, elle a longtemps été un phénomène au sommet des organigrammes des groupes automobiles. Mais les temps ont changé. Et aujourd’hui, les femmes du groupe anglais viennent lui demander si elle pouvait dégager du temps pour les coacher.

Madame Figaro. – Une heure de réveil ?
Géraldine Ingham. – J’ai besoin de beaucoup de sommeil. Je me lève généralement à 6h30, mais je ne me couche pas assez tôt, d’autant plus que je lis toujours avant de m’endormir. Huit heures de sommeil seraient idéales, mais je n’y parviens jamais.

Votre argumentaire de positionnement ?
Penser « marque » avant de penser « produit » et influencer mes collègues pour qu’ils mettent cette marque au premier plan des choix de l’entreprise.

Des obstacles sur la route ?
Il y a un parcours classique dans l’automobile, et je ne l’ai pas suivi. Donc au début, je n’ai pas forcément avancé aussi vite que je l’aurais souhaité. Mais à part ça, je dirais que j’ai rencontré plus d’opportunités que d’obstacles ! Il fut un temps où, quand je comptais le nombre de femmes dans une réunion, il n’y avait que moi. En cela, j’ai toujours pensé que j’avais le privilège d’apporter une voix féminine, et donc différente, à une industrie en pleine transformation. Aujourd’hui, je suis entourée de beaucoup d’autres femmes, ce qui me rend heureuse.

Vos accélérateurs de carrière ?
Partir à l’étranger a été la première grande étape. Quand je suis arrivé chez Renault en France en tant que responsable des achats au début de ma carrière, j’étais le seul anglais. J’ai donc apporté un peu, et j’ai beaucoup appris. J’ai aussi accepté de faire des métiers différents. Après vingt ans chez Nissan, par exemple, aller chez Meta a boosté ma carrière.

 » data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js » >

Si nous revenons aux origines ?
J’ai été élevée dans une culture du travail, mes parents m’ont toujours poussée à faire mieux, notamment dans mes études. J’ai cela en moi : plus on travaille, plus on est récompensé, rien n’est gratuit. Mais je ne peux pas le séparer de la passion. Pour moi, le travail n’a jamais été une question d’argent.

Qui t’a fait confiance ?
Un de mes patrons, Guillaume Cartier, aujourd’hui président de Nissan pour la région AMIEO. J’admirais son approche très collaborative et son travail constructif. Il posait toujours la bonne question et faisait ressortir le meilleur des gens. Il m’a vraiment fait évoluer.

Il y a un chemin classique dans l’industrie automobile, et je n’ai pas emprunté ce chemin.

Géraldine Ingham, Ranger Rover

Que te reste-t-il à apprendre ?
Beaucoup de choses. Je dois encore apprendre à moins douter de moi, à toujours croire en moi. Quand je suis arrivée chez Range Rover, je me suis retrouvée au milieu de gens qui travaillent ici depuis vingt ans, qui connaissent le produit et la marque bien mieux que moi. J’ai vraiment dû me dire et me répéter : « il y a une raison pour laquelle tu es là ». Je suis une femme typique en fait, très critique envers moi-même. C’est aussi ce que j’essaie de dire aux femmes qui viennent me demander du coaching : « croyez en vous, et prenez des risques ».

Un moment de répit, n’est-ce pas ?
Je regarde une télé-réalité « stupide » avec ma fille de 16 ans sur notre canapé, et j’éteins tout le reste. Je prends un long bain dimanche soir, enfermée dans la salle de bain avec mes bougies.

Votre définition de l’influence ?
Avoir une vision et emmener les gens dans ce voyage. Je parle souvent de « leadership authentique », car on n’emmène personne avec soi sans sincérité.

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
Bouton retour en haut de la page