Le président par intérim Syrie Ahmed al-Chareh résistera-t-il à la spirale de la violence? Près de 1 500 personnes sont décédées dans la violence en opposition des partisans du président tombé Bashar al-Assad et des forces de sécurité du nouveau régime depuis le 6 mars. Une grande partie des victimes appartient à la minorité d’Alawite, une branche de l’islam chiite à partir duquel le clan Assad est venu.
Depuis son arrivée à la tête de la Syrie il y a trois mois, Ahmed Al-Chareh promet une transition pacifique, essayant de reconstruire le pays économiquement et d’assurer sa sécurité. Mais le pays, sans sang après 13 ans de guerre civile, risque de changer à nouveau dans la guerre civile. Mise à jour avec Adel Bakawan, chercheur associé au programme Turquie et au Moyen-Orient de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et directeur de l’Institut européen des études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (Eismna).
Comment qualifiez-vous le déclenchement de la violence mortelle dans l’ouest de la Syrie depuis le 6 mars?
C’est un massacre qui implique plusieurs acteurs. Vous avez l’armée d’Ahmed Al-Chareh, anciennement affiliée à l’État islamique et à Al-Qaida, et qui a pris la distance du djihadisme international pour devenir un djihadiste national syrien. Il a, sous sa direction, des combattants ultra-radicaux, de différentes nationalités, des Russes, des Arabes, mais aussi des Européens, y compris le français.
L’armée nationale syrienne est le deuxième composant engagé dans ce massacre. Il est sous les ordres de la Turquie, un pays qui finance, accompagne et guide. Ces combattants ont soif de se venger de la minorité alaouite, considérée comme historique responsable de tous les crimes commis par la famille d’Assad.
Sur le côté des Alaouites, vous êtes avec des anciens régime, des sympathisants et des combattants de Bashar al-Assad, mais pas seulement. C’est une énorme erreur de penser que tous les alaouites sont pro-Assad. Enfin, dans ce massacre, n’oublions pas la toile de fond. La Syrie éprouve la misère. Pendant trois mois, personne n’a été payé. Les Syriens, et en particulier les Alawites, souffrent de famine, de pauvreté et de chômage.
Le pouvoir syrien peut-il assurer la sécurité de la communauté alaouite, comme d’autres minorités du pays?
Derrière les discours d’Ahmed Al-Chareh pour protéger les minorités, il n’y a rien. Objectivement, il n’est pas en mesure d’assurer leur sécurité lorsqu’ils sont perçus comme un cancer dont le corps social doit purifier. Les fonctionnaires n’ont pas été payés depuis trois mois, ces minorités comptent sur leurs propres forces pour assurer leur sécurité. Les forces kurdes ont 120 000 combattants, lorsque Al-Chareh compte 30 000 soldats. Les forces de Druze ont leurs combattants dans le sud du pays. Quant à l’armée nationale syrienne, si elle a reconnu l’autorité d’Ahmed al-Chareh, elle reste complètement indépendante. Vous avez également des tribus lourdement armées qui refusent d’intégrer l’armée d’Ahmed al-Chareh.
Comment percevez-vous l’attitude de la communauté internationale, qui a soutenu le nouveau régime pendant trois mois?
Avant ce massacre, la communauté internationale était très pressée pour aider le nouveau régime, malgré les nombreux défis techniques pour financer le pays. Mais depuis le 6 mars, je me suis posé la question de savoir si ce n’est pas la douche froide sur le processus de normalisation du nouveau régime. Les États-Unis et l’ONU considèrent toujours le HTC, dont Ahmed Al-Chareh est venu, est un groupe terroriste.
Quelle est la crédibilité du président par intérim Ahmed al-Chareh?
Quand il a pris le pouvoir, il y avait beaucoup de questions sur sa crédibilité. Depuis ce massacre, je crois qu’il est profondément entaché, même si aucun pays ne l’accuse directement. Il serait nécessaire d’être naïf de penser que la communauté internationale ne le considère pas responsable de cette violence.
Notre dossier sur la Syrie
Quel est le risque d’une nouvelle guerre civile en Syrie?
La Syrie a besoin d’un vrai miracle pour ne pas se glisser dans la guerre civile. Le pouvoir n’a pas le monopole de la violence, il y a 500 organisations armées dans le pays qui sont coupées en régions. Le nord est en partie occupé par la Turquie, le sud par Israël, et dans le nord-est, 25% du territoire syrien est géré directement par les forces démocratiques syriennes (FD), une coalition à prédominance kurde. La côte méditerranéenne est en révolte. Sans parler des autres joueurs régionaux qui agissent en Syrie. Dans cette situation, il faudrait un miracle pour éviter la guerre civile en Syrie.
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