L’étang d’engraissement de Castellane doit se mettre aux normes s’il veut poursuivre son activité, mais cela semble difficile faute de moyens financiers suffisants. Les truites pourraient donc disparaître du Verdon.
A Castellane, des perturbations sont constatées dans le Verdon, ou plus précisément dans le bassin d’engraissement des truites fario, qui alimente la rivière en poissons depuis 32 ans. L’association SOS Gorges du Verdon, qui œuvre pour la protection des milieux aquatiques et la promotion de la pêche de loisir, a alerté le parc régional du Verdon sur la non-conformité de l’ouvrage géré par des bénévoles.
« Nous ne souhaitons pas que le bassin ferme mais qu’il soit aux normes. Et qu’il ait des ordres de production pour qu’il devienne un lieu convivial pour les bénévoles et les pêcheurs », explique Frédéric Huot, président de l’association SOS Gorges du Verdon à BFM DICI.
Lui-même a travaillé bénévolement au bassin d’engraissement. « En fait, comme il n’y a pas de cadre légal, on ne sait pas s’il y a un impact sur l’environnement », poursuit-il.
644 cartes vendues
Chaque année, grâce à ce bassin d’engraissement, entre 10 000 et 12 000 truites fario sont relâchées dans le Verdon. Elles alimentent l’attrait de la rivière pour la pêche, un sport qui séduit bien au-delà du département.
En 2023, sur la seule société de pêche de Castellane, 644 cartes ont été vendues représentant 18% de pêcheurs locaux, 70% de pêcheurs français d’autres départements et 12% de pêcheurs étrangers.
Une activité donc bénéfique pour l’économie locale, d’autant plus qu’elle démarre après la saison touristique. Mais si l’entreprise de pêche n’est pas contre le respect des normes, elle ne pourra tout simplement pas le faire d’un point de vue financier, comme l’explique René Azzi, président de la Gaule Castellanese.
« Si on n’alimente pas le Verdon avec des truites fario, ça va devenir une très jolie rivière mais sans poisson. Or, la majorité des pêcheurs quand ils prennent un permis de pêche, ils veulent avoir du poisson. Et les truites fario sont moins grégaires que celles déjà présentes, c’est ça que les pêcheurs vont attraper et ça va donner satisfaction », explique-t-il.
20 000 euros minimum
« Le lâcher de poissons permet de contrer l’impact négatif des barrages sur la présence de truites qui existait auparavant. Et avec le passage des gens, que ce soit à pied ou en eau vive, cela détruit en partie la nourriture présente pour les invertébrés donc on est obligé de les aider », poursuit le président de l’association de pêche.
« Mais si on veut avoir l’autorisation légale, il faut commencer par faire une étude sur les bassins et ça coûte 20 000 euros minimum. Ensuite, il faudra faire les modifications et je peux vous dire qu’on n’a pas les moyens. En tant que petite association, on n’aura pas les subventions » soupire-t-il.
L’association de pêche se montre très pessimiste quant à la poursuite de l’activité du bassin d’engraissement. Elle devrait donc connaître ses derniers lâchers de truites dans le Verdon dans les prochains mois.
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