Il faut (malheureusement) parler de Maxime Bernier

Avouons-le, c’est tout un dilemme. Quand Maxime Bernier brandit ses théories du complot – il en a plusieurs – faut-il en parler et risquer de lui accorder plus d’attention ? Ou faut-il l’ignorer pour ne pas lui donner plus de visibilité ?
Désolé. Malheureusement, nous devons en parler. Pour quelle raison? Car il arrive que ses propos nourrissent la peur et le ressentiment envers certaines catégories de la population. Cette fois, ce sont les écologistes.
Il faut en parler car les réseaux sociaux lui offrent un puissant effet multiplicateur. Donc l’ignorer n’est pas une option. Qui dit démocratie dit liberté d’expression, mais aussi liberté de réponse, d’analyse et de réflexion.
Alors que les forêts brûlent à travers le pays, sur Twitter, le chef du Parti populaire du Canada s’en est pris durement à ceux qu’ils appellent les « terroristes verts ».
« Je parie qu’une bonne partie des incendies de forêt ont été déclenchés par des terroristes verts pour renforcer leur campagne contre le changement climatique », a-t-il écrit. L’extrême gauche est habile à inventer et à créer des crises qu’elle peut ensuite exploiter.
Il accuse ainsi les écologistes – mais on ne sait pas lesquels – d’être des « terroristes ». Cependant, ce mot est lourd de sens. Il laisse entendre que les écologistes sèmeraient la terreur en créant une fausse crise climatique leur permettant de mieux vendre leur cause.
Cependant, qualifier quiconque de « terroriste » va bien au-delà de la simple opinion. C’est une tentative de fomenter la peur et le ressentiment contre tous ceux qui se retrouvent avec cette étiquette violente faussement collée sur le front.
Inventer des conspirations
Dans un autre tweet, Maxime Bernier s’en prend également aux « médias et politiciens menteurs ». [qui] ne cesse de répéter que le réchauffement climatique » est la cause des incendies de forêt. Oubliant, comme il le fait toujours, qu’il est aussi un « homme politique »…
Cette façon d’inventer des conspirations, d’entretenir la peur contre les citoyens pacifiques et le mépris des élus, des scientifiques et des médias est bien sûr typiquement trumpienne.
C’est une importation directe et inquiétante de la droite dure américaine dans la dynamique politique canadienne et québécoise. Une importation décuplée par les réseaux sociaux et leurs chambres d’écho. Ce qui, déjà, commande amplement qu’on y prête attention.
Analyser le phénomène
Il faut essayer d’analyser ce phénomène car il existe et gagne du terrain partout en Occident, bien qu’à des degrés divers selon les pays.
Il faut en parler car des propos outranciers comme ceux de Maxime Bernier, entre autres, sont avant tout faits pour renforcer et élargir une base politique fidèle à la droite dure.
Aussi, parce que comme Donald Trump, ses propos alimentent la désinformation, le rejet des institutions démocratiques et de la science. Comme ce fut aussi le cas tout au long de la pandémie avec les théories du complot anti-vaccin, anti-masque, etc.
N’oublions pas que le soi-disant convoi de la liberté pataugeait précisément dans les mêmes eaux.
Alors, oui, malheureusement, il faut s’intéresser aux propos de Maxime Bernier et autres faux-Trumps. Dénoncer pour dénoncer est pourtant inutile.
Il est beaucoup plus utile de démonter patiemment le mécanisme et de l’exposer à la lumière du jour. De plus en plus d’analystes et de chercheurs universitaires le font.
Comme me l’a dit mon professeur de sciences politiques préféré, « la lumière est un bien meilleur remède contre la manipulation que l’obscurité d’un silence involontairement complice ».
journaldemontreal