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« Il faut désormais résister au vertige et à l’ivresse de la vengeance »


CONTREson Ofer, plus d’un mois s’est écoulé depuis le 7 octobre. Aujourd’hui, après quarante jours de guerre, quarante mille tonnes de bombes ont été larguées sur Gaza. Cela équivaut à trois bombes larguées sur Hiroshima ! Plus de 11 000 civils palestiniens (selon les chiffres du ministère de la Santé à Gaza, sous contrôle du Hamas) ont été tués, dont beaucoup d’enfants et de femmes. Plus de 2 000 personnes sont mortes sous les décombres et plus de 30 000 ont été blessées. Plus de deux millions de personnes vivent sous la menace des bombardements, notamment des bombes au phosphore. (comme l’a déclaré l’ONG Human Rights Watch) –, privés d’eau, de nourriture et d’électricité… c’est terrifiant.

La proportionnalité du nombre de victimes dans le conflit israélo-palestinien est inquiétante. Un de vous contre vingt d’entre nous ! Ce qui est encore plus désastreux est de savoir si la vengeance doit être proportionnelle à la valeur supposée d’un Israélien. Pour venger le meurtre de 1 400 personnes le 7 octobre, il faudrait en tuer environ 20 000 à 30 000 ! Selon un ministre israélien, il n’y aurait rien de mal à ce que deux millions et demi de personnes soient tuées.« animaux humains ». (Amichay Eliyahu, ministre du Patrimoine, a été suspendu du gouvernement israélien le 5 novembre après avoir déclaré que l’utilisation d’armes nucléaires sur Gaza était « une des possibilités ». Le 9 octobre, annonçant le siège de l’enclave, le ministre de la Défense Yoav Gallant déclarait : « Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence. »)

Vous étiez un conseiller d’Yitzhak Rabin, assassiné par un terrorisme enraciné dans de nombreux extrémistes en Israël. Ce terrorisme qui les a persuadés qu’un État palestinien était une menace pour leur sécurité, sans leur dire que donner aux Palestiniens le pouvoir de décider de leur sort était en fait un élément majeur pour assurer cette sécurité et leur prospérité.

Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés Israël-Palestine : trente ans après, les accords de paix d’Oslo sont morts mais personne ne veut les enterrer

Depuis 1993, nous attendons notre État et notre autodétermination. Au lieu de laisser les 22 % de terres nécessaires pour établir notre État et mettre fin au conflit, vous avez assassiné Yitzhak Rabin. Vous avez fait échouer les négociations de Camp David et nous avez imposé votre présence dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. La deuxième Intifada a éclaté et un mur a été construit entre nous, même à l’intérieur de nos terres. Vous avez assiégé Yasser Arafat jusqu’à ce qu’il soit martyrisé.

Injustice et oppression

Le camp de la paix s’est effondré aux yeux de nos deux peuples, avec l’intensification de la colonisation et la judaïsation de Jérusalem. La conférence d’Annapolis fin 2007 était prometteuse, mais Israël a mis Ehud Olmert en prison (ancien premier ministre de 2006 à 2009, Ehud Olmert a été détenu de février 2016 à juillet 2017 après sa peine de prison pour corruption). Benjamin Netanyahu, « roi » d’Israël, est au pouvoir depuis 2009. Il a tué le rêve d’un État palestinien. Il a imposé un siège étouffant à Gaza, permis le financement du coup d’État mené par le Hamas et intensifié les activités de colonisation. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a porté un coup fatal à tout espoir de solution à deux États.

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