Divertissement

« Il faut 16 heures pour se débarrasser de quatre pintes » : aux Vieilles Charrues, Alain veille à ce que tout le monde rentre chez lui vivant

« Bon, on va dormir dans le camping-car ! » Avec 1,2 g d’alcool dans le sang de l’homme, le couple a tout intérêt à ne pas quitter Carhaix (29). « Je peux vous faire un test pour demain matin ? » propose Alain Chalet. À la sortie « Orange » des Vieilles Charrues, des milliers de fêtards défilent chaque soir, comme ce vendredi 12 juillet 2024, au stand tenu par le délégué départemental à la sécurité routière. Une vingtaine de bénévoles sont ainsi répartis sur trois points stratégiques du festival pour informer et proposer de souffler dans un éthylotest. « Merci pour ce que vous faites », crie un jeune homme. « Je vais bien, je sais que je suis saoul, ne gâchez pas vos tests ! »

Depuis près de quinze ans, Alain Chalet, ancien policier, s’implique au sein du festival – et pas seulement – pour la sécurité des automobilistes. « J’ai vu des drames sur la route au cours de mes trente-trois ans de carrière et je ne m’y suis jamais habitué », confie-t-il. Alors, quand la direction des Charrues l’a contacté pour faire de la prévention, il a sauté sur l’occasion. « Tous les festivaliers des Vieilles nous connaissent, poursuit le septuagénaire. Ils savent qu’on ne sévit pas, qu’on est là pour eux. » Aux fêtards, Alain et ses collègues répètent : « Le taux d’alcoolémie est au maximum une heure après avoir bu. Ensuite, on diminue d’une barre toutes les deux heures. »

Cyrille Le Brech est venu de Vannes (56) pour profiter des Charrues le vendredi 12 juillet 2024. A 1h30 du matin, il est venu souffler un peu pour pouvoir repartir l'esprit tranquille.
Cyrille Le Brech est venu de Vannes (56) pour profiter des Charrues vendredi 12 juillet 2024. A 1h30 du matin, il est venu souffler un peu pour pouvoir repartir l’esprit tranquille. « C’est responsable, alors franchissons le pas », prône-t-il. (Le Télégramme/Camille André)

Plus de 1000 tests jeudi soir

Une femme explique avoir bu quelques bières dans la journée. « Ça prend seize heures pour éliminer quatre pintes », prévient Alain Chalet. Elle a 0,20 g d’alcool dans le sang. Comme son permis n’est pas probatoire, il le passe, la limite étant fixée à 0,50 g. L’équipe utilise des éthylotests électroniques qui n’affichent pas le taux d’alcool : « Quand c’était le cas, les gens faisaient des concours pour voir qui avait le taux le plus élevé, raconte Alain Dumont, un bénévole. Ça avait l’effet inverse de l’effet recherché. Alors, on ne le leur montre plus, mais on voit le taux. On peut donc leur dire combien de temps ça va leur prendre pour redescendre à 0. » Jeudi soir, les bénévoles avaient réalisé 1035 tests, dont 167 positifs.

« Le taux d’alcoolémie est à son maximum une heure après avoir bu, explique Alain Chalet. Ensuite, on diminue d’une dose toutes les deux heures. » L’ancien policier montre sa table aux festivaliers pour les aider à estimer leur taux d’alcoolémie. (Le Télégramme/Camille André)

Également pour les jeunes conducteurs

Ce vendredi, le stand sera plein toute la nuit. Lanaïs, une jeune majeure, est venue vérifier si son calcul est bon. « J’ai bu trois demi-pintes entre 16 heures et 19 heures et plus rien depuis », raconte la jeune femme, venue aux Vieilles Charrues pour la première fois. Son test est négatif, elle peut reprendre le volant. Pour le plus grand bonheur de ses amis qui, eux, n’auraient pas pu. « On connaissait le stand donc on a dit qu’on y allait », raconte l’un des Brestois du groupe. Les jeunes conducteurs ont des tests spéciaux, sans niveau précis puisque, pour eux, la tolérance à l’alcool est de 0. Le test passe simplement au rouge s’il détecte la présence d’alcool.

Les festivaliers s'arrêtent spontanément.
Les festivaliers s’arrêtent spontanément. « Tous les habitués du festival nous connaissent, dit Alain Chalet. Ils savent qu’on ne réprime pas, qu’on est là pour eux. » (Le Télégramme/Camille André)

« Nous ne sommes pas chez McDonald’s »

A ceux qui s’arrêtent au stand juste pour récupérer un « éthylotest à emporter », comme on dit, Alain, le gérant, répond qu’« on n’est pas chez McDonald’s ». Il évoque le prix du matériel, qui n’est pas un jouet, et invoque l’importance de réaliser un test avec les bénévoles, pour comprendre son fonctionnement, avant de repartir avec l’éthylotest à réaliser plus tard, ou après avoir dormi quelques heures. Les bénévoles seront là jusqu’à 5 heures du matin. « Avant d’aller se coucher, on envoie chaque soir notre rapport à la préfecture et à la direction du festival », poursuit Alain Chalet. L’équipe sera également là lundi matin, pour s’assurer, jusqu’au bout, que les festivaliers ne courent aucun risque.

Toute l’actualité des Vieilles Charrues 2024 est ici !

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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