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« Il est presque en roue libre » : partage de fausses informations, soutien à Donald Trump, insultes… Jusqu’où Elon Musk peut-il aller sur X ?

Depuis plusieurs mois, Elon Musk multiplie ses facéties et fausses informations sur le réseau social X. Récemment, il a également apporté son soutien à Donald Trump.

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Elon Muks est propriétaire du réseau social X depuis avril 2022. (ALAIN JOCARD / AFP)

Elon Musk cache de moins en moins son soutien à Donald Trump, comme le démontre l’échange qu’il a eu sur X dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 août avec l’ancien président et actuel candidat à la Maison Blanche. Pendant plus de 40 minutes, les deux hommes ont parlé de politique et d’économie, employant parfois des termes choquants, relayant de fausses informations. Une pratique de plus en plus récurrente pour le milliardaire, qui la partage régulièrement sur son compte X.

franceinfo a demandé Tristan Mendès France, spécialiste des cultures numériques et de l’extrémisme en ligne et intervenant sur le podcast franceinfo Complorama, pour comprendre jusqu’où peut aller Elon Musk.

franceinfo : Cette séquence de quarante minutes de discussion sur X avec Donald Trump, marque-t-elle un tournant pour Elon Musk ?

Tristan Mendes France :Elon Musk a officiellement soutenu Trump, notamment après la tentative d’assassinat contre lui. Mais il a été un fervent partisan bien avant cela. Ce qui est absolument clair, c’est qu’aujourd’hui, Elon Musk fait campagne, indirectement, mais en tout cas une campagne pour Trump. Il est, comme on dit aux États-Unis, un actifIl est un élément important de la campagne de Trump, du moins sur les plateformes sociales. Il n’y a pas de lien organique, puisqu’il ne fait pas partie de l’équipe de campagne. Mais avec ce soutien officiel et son expression publique, il est l’un des meilleurs soldats en termes d’audience sur les plateformes sociales, et surtout X.

Au-delà de cette interview complaisante, il y a aussi le problème des fake news. Elon Musk en partage assez souvent, au profit de l’extrême droite.

Ce qui est assez fascinant avec Elon Musk, c’est qu’on a vraiment l’impression, ces derniers mois notamment, qu’il a complètement lâché prise, qu’il est presque en roue libre. Il se sent vraiment tout-puissant sur sa plateforme. Et ce qui est aussi assez déconcertant, c’est qu’il est souvent à la limite, à la limite. Il est, je crois, assez conscient des risques, notamment en termes de justice. Mais il est, bien sûr, soumis à la justice américaine, qui protège de manière très significative le premier amendement.

« Il ignore les pratiques morales et éthiques de sa plateforme. »

Tristan Mendes-France

à franceinfo

Il est vraiment sur cette ligne de crête où il joue, en provoquant, en relayant des fausses informations. Il montre aussi qu’il peut, tout simplement, les effacer, sans même verbaliser par la suite le fait qu’il a relayé des fausses informations. Il va balayer ça sous le tapis, ce qui n’est pas une bonne pratique sur X. Il a probablement un rapport extrêmement lâche avec les pratiques de l’information. L’éthique journalistique, je n’en parlerai même pas.

Alors qu’est-ce qui pourrait l’arrêter ?

Aujourd’hui, seule la justice pourrait lui mettre des bâtons dans les roues quant à ce qu’il peut exprimer ou relayer en ligne. Mais il faut dire qu’il est assez prudent, soit il supprime des publications quand quelque chose est manifestement faux, soit il relaye un contenu suffisamment ambigu pour être quasiment certain de ne pas avoir de problèmes judiciaires par la suite.

Il y a quelques jours, Thierry Breton l’avait déjà alerté sur le non-respect des règles européennes, notamment sur le manque de modération de X, mais cela peut-il vraiment avoir un impact ?

Ces derniers jours, dans un échange avec Thierry Breton qui l’interpellait, notamment après la séquence de violences urbaines en Grande-Bretagne, Elon Musk a littéralement insulté Thierry Breton de manière extrêmement vulgaire et obscène, publiquement sur X.

En réponse, il a simplement répondu par une insulte, qui est à la fois une insulte à l’Union européenne parce que Thierry Breton représente l’Union européenne, mais qui est un mode de communication absolument inédit de la part d’un responsable d’une plateforme internationale. C’est inédit aujourd’hui et cela montre le niveau de perception qu’a Elon Musk de l’Union européenne dans son ensemble, qu’il discrédite de manière absolument spectaculaire.

D’ailleurs, Thierry Breton l’a ajouté à l’affaire portée contre X par l’Union européenne. Mais pour ce qui est de l’avenir, je ne sais pas où cela va mener. L’Union européenne discute depuis des mois avec les grandes plateformes, dont X, sur des questions de modération de leur propre plateforme au regard des réglementations de l’Union européenne.

Malheureusement, pour l’instant, on n’en voit pas les conséquences. Et je pense que tant qu’Elon Musk ne sera pas confronté à une décision définitive de l’Union européenne, il continuera. Cela pourrait être des amendes, des suspensions temporaires. Mais le problème est que l’Union européenne a un temps pour intervenir qui n’est pas celui de l’urgence des questions auxquelles elle est confrontée.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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