Interrogé par un jeune, en marge des commémorations de l’Appel du 18 juin, le président a utilisé une formule qui, sous couvert de bienveillance, sonne aussi paternaliste.
Les errances d’Emmanuel Macron sont souvent l’occasion de petites phrases lancées ici et là. Son rapide bain de foule auprès des jeunes, en marge des commémorations de l’Appel du 18 juin qu’il a présidé mardi au Mont Valérien (Hauts-de-Seine), n’a pas fait exception à la règle. « Est-ce que c’est ça Gabriel Attal Est-il ton frère? », lui a interpellé un étudiant en plein brouhaha. Et le président de la République a répondu, le sourire aux lèvres : «Ce pourrait être mon petit frère. Je le vis un peu comme ça», a-t-il plaisanté. Avant de donner une réponse plus sérieuse à votre interlocuteur : « Mais c’est mon premier ministre. C’est quelqu’un qui m’accompagne depuis le début. Il est comme mon petit frère. ». Une remarque qui, sous couvert de bienveillance, sonne comme un rappel paternaliste pour le chef du gouvernement, désigné chef de campagne de la majorité pour les élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.
Quelques instants plus tard, c’est le locataire de Matignon qui, à son tour, croise la route du garçon en question. Lequel lui raconte son échange avec le président de la République. « M. Macron m’a dit qu’il pourrait être ton grand frère., s’enthousiasme l’enfant. Près de lui, une femme intervient et tente de se rattraper auprès de Gabriel Attal : « Non, ce n’est pas ce qu’il a dit. » Trop tard, la curiosité du locataire de Matignon a été piquée. « Qu’a t’il dit ? », il demande. « Il a dit : ‘J’ai tellement travaillé avec lui, il pourrait être mon petit frère' » elle lui répond. « Parce que tu as parlé de moi ? Pourquoi, qu’a-t-il dit ? Que lui as-tu dis? Dites-moi », » shoote un Gabriel Attal clairement mi-curieux et mi-peuvent. « Bonnes choses »tempère la femme avant d’ajouter : « Vous lui ressemblez. »
La séquence entre Emmanuel Macron et le jeune garçon arrive à un moment particulier pour le couple exécutif. Une hiérarchie fragilisée, qui a fait l’objet d’une vive conversation lundi entre Gabriel Attal et un badaud. En déplacement lundi au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) pour soutenir le député macroniste sortant Mathieu Lefèvre (Renaissance), le chef du gouvernement s’est adressé à un passant. «Je vais te serrer la main parce que tu vas bien. Mais vous devrez dire au président de se taire. » la personne moyenne l’a appelé sans détour. « Bonbons… »Gabriel Attal répond pour tenter de l’apaiser, visiblement mal à l’aise. « C’est une élection législative : on vote pour le Premier ministre », rétorque le Premier ministre, lui-même candidat à sa réélection dans son fief des Hauts-de-Seine. Mais sans non plus contredire son interlocuteur.
Cet échange animé alimente le récit naissant d’un profond rejet de la figure d’Emmanuel Macron dans le pays. Au point que son visage a également disparu des affiches de campagne de ses propres troupes, qui se présentent aux législatives sous la bannière « Ensemble pour la République » – le nom de la nouvelle coalition présidentielle pour les législatives. Sur leurs tracts, les macronistes – qui n’ont pas choisi de paraître seuls – ont presque tous préféré apparaître aux côtés de leur nouveau champion, Gabriel Attal.
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