Montmartre perd l’un de ses fleurons. Le cabaret Chez Michou, haut lieu des drag-queens dans la capitale depuis 1956, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris mardi, a annoncé l’avocate de l’actuelle gérante, Catherine Catty-Jacquart. En difficulté depuis le décès du fondateur en janvier 2020, le cabaret était en cessation de paiement depuis fin juin.
Les 22 employés, artistes et membres du personnel de la salle, dont certains travaillent dans l’entreprise depuis près de trente ans, seront licenciés d’ici deux semaines. « Un syndic nommé par le tribunal recevra toutes les offres d’achat de l’entreprise, dans l’espoir que l’esprit Michou « Cela continue », a déclaré Maître David Brami.
Le berceau du transformisme en France
Certains salariés tentent de monter un projet de société coopérative de production (Scop) afin de présenter une offre de reprise. « C’est un crève-coeur mais, après plusieurs années de difficultés, il a fallu se rendre à l’évidence », a réagi Catherine Catty-Jacquart, nièce de Michel Catty, dit Michou.
L’emblématique fondateur, surnommé « le prince bleu de Montmartre », a inspiré Jean Poiret pour « La Cage aux folles » dans les années 1970. Parmi les icônes les plus populaires de la vie nocturne parisienne, Michou et son cabaret étaient devenus des symboles français, aussi populaires que le Moulin Rouge, le Lido ou le Crazy Horse. A quelques jours du 68e anniversaire du cabaret, la dernière représentation a eu lieu le 30 juin.
Berceau du drag et plus petit cabaret de Paris, Chez Michou présentait un dîner-spectacle avec des travestis extravagants surnommés les « Michettes », imitant des stars de la chanson et du cinéma telles que Sylvie Vartan, Annie Girardot, Johnny Hallyday, Mireille Mathieu et Dalida.
« Je veux que cette maison disparaisse avec moi »
En déficit depuis trois ans, le cabaret a été confronté, selon son directeur, à des « grèves, manifestations et problèmes de stationnement, notamment pour les cars », provoquant un effondrement des réservations. Les spectacles de drag-queens et de travestis connaissent néanmoins un regain d’intérêt ces dernières années, porté par des établissements qui ont su se tourner davantage vers un public jeune et branché, comme Madame Arthur, également situé à Montmartre.
Dans ses mémoires parus en 2017, Michou avait lui aussi estimé que son cabaret ne devait pas lui survivre. « Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas », avait-il alors déclaré. Quelques mois avant sa mort, il avait finalement changé d’avis sous la pression des « Michettes ».