Ibrahim al-Organi, le bédouin qui s’est enrichi aux dépens des Gazaouis
C’est un homme clé dans la guerre entre le Hamas et Israël. Il est égyptien, bédouin, et c’est lui qui a la haute main sur les postes-frontières entre la bande de Gaza et le Sinaï.
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C’est un business immoral et très lucratif : 5 000 dollars pour un adulte, 2 500 dollars pour un enfant de moins de 16 ans, des prix multipliés par sept depuis l’offensive israélienne à Gaza. Et comme les familles comptent rarement moins de dix personnes, la facture est salée pour quitter l’enclave. Ibrahim al-Organi a le monopole de ce lucratif marché de l’exil. Et il profite visiblement de la crise pour s’enrichir sur le dos d’une population prête à tout pour échapper à la mort.
La facture est envoyée au nom de la compagnie touristique Hala. Il s’agit de l’une des nombreuses filiales du groupe al-Organi. On dispose de peu d’informations sur la holding, mais dans une publicité disponible sur YouTube, l’entreprise se présente comme la plus grande entreprise d’Egypte, avec 17 hôpitaux, 25 000 salariés et des activités notamment dans le bâtiment et l’automobile. Tout cela avec, bien sûr, l’aval de la présidence égyptienne. Car rien dans cette région ne peut se faire sans l’accord du maréchal al-Sissi.
Il y a quatorze ans, Ibrahim al-Organi était en prison après avoir été arrêté lors de manifestations organisées par des Bédouins. Car il est originaire du Sinaï. Il est Tarabin, la plus grande tribu bédouine de ce vaste désert à l’est de l’Égypte, qui partage une large frontière avec Israël et la bande de Gaza. C’est une zone de trafic et de tourisme que le pouvoir central a toujours eu du mal à contrôler. À son arrivée à la tête de l’État, il y a un peu plus de dix ans, le maréchal al-Sissi a décidé de reprendre le contrôle du territoire en éliminant les groupes liés à l’État islamique, qui était à l’époque en pleine expansion. Il s’est donc appuyé sur les tribus locales et sur Ibrahim al-Organi.
Ce dernier est désormais l’homme de confiance du président dans la région et son rôle est d’autant plus important que l’Egypte a une crainte : qu’un flot de réfugiés palestiniens vienne, sous la pression des Israéliens, s’installer dans le Sinaï. Le Caire renforce donc sa surveillance des frontières et semble avoir passé un accord tacite avec Al-Organi. L’homme d’affaires promet aux Bédouins de l’aider à prévenir une éventuelle crise migratoire, et en échange al-Sissi le laisse prospérer dans ses affaires.