Rocher54 ans, a découvert qu’il souffrait de la maladie de Parkinson en 2013.Je pensais qu’on allait me diagnostiquer une simple hernie discale. À ce moment-là, le ciel m’est tombé sur la tête. » Rocher. Il débute un traitement à base de dopamines et d’agonistes dopaminergiques dont on lui explique les effets secondaires inhabituels : addiction au jeu, au sexe, etc.
Rocher il ressent rapidement les premiers effets, qu’il n’associe pas du tout aux médicaments, mais à ses tendances hyperactives. « Je faisais du bricolage le week-end de 5h du matin à minuit, sans jamais me fatiguer. (…) J’ai dit au neurologue que tout allait bien, que tout était sous contrôle. Que je n’avais d’anxiété que lorsque je dormais… ce qui n’arrivait pas souvent. » Rocher.
« Si j’arrêtais de prendre ce médicament, mes super pouvoirs disparaîtraient. »
C’est sa femme qui soupçonne que quelque chose ne va pas et en informe le neurologue. Malgré une réduction de dose, les effets persistent et se diversifient : pulsions sexuelles, envies suicidaires… jusqu’à ce que ses belles-filles découvrent ses conversations avec des prostituées. Rocher est finalement hospitalisé, étape nécessaire pour changer de traitement. « Soudain, je suis redevenue apaisée, calme. Un sentiment de honte m’envahit car je réalise ce que j’ai fait. Le choc est terrible. » Rocher.
Stéphaneil est devenu accro aux jeux d’argent en ligne deux ans après avoir commencé à prendre des agonistes dopaminergiques. « Aucune alerte ne se déclenche. De nouveaux comportements apparaissent, mais on ne pense pas du tout aux effets secondaires. » Stéphane.
« Je regardais les matchs de football biélorusses pour satisfaire ce besoin absolu de parier tout le temps. »
Autour Stéphanepersonne ne se rend compte de son addiction, car il se cache pour parier. Petit à petit, il prend conscience de l’anormalité de son comportement. « J’étais complètement habité par quelqu’un dans ma tête. » Stéphane. Il décrit les effets aggravants du traitement, qui l’ont transformé en un « consommateur impulsif » et un gros dépensier… finalement lourdement endetté.
« Un jour, j’ai tout raconté à mon neurologue. Nous avons immédiatement décidé d’arrêter le traitement.
L’arrêt des médicaments est progressif. Les ennuis s’arrêtent. Comme Rocher, Stéphane éprouve de la honte. Le premier a été opéré, le second ne prend plus que de la dopamine. « Les effets indésirables doivent être communiqués. Vous ne pouvez pas donner des médicaments qui sont des médicaments, puis voir un patient tous les six mois et lui demander s’il va bien. » Rocher.
Merci à Pierre, Stéphane Grange, Maître Sophie Maltet, Maître Dominique Mari, Professeur Thobois, Professeur Azulay et Dr Durozard.
- Rapports :Antoine Guirimand
- Réalisation : Peire Legras
Fin de la musique : « Seal Jubilee », Bat for Lashes – Album : Fourrure et or (2007)
Pour aller plus loin
« Troubles addictifs chez les patients parkinsoniens traités », Le monde26 juin 2018.
« Rendu accro au jeu et au sexe par les médicaments, un Nantais obtient une indemnisation », Le monde31 mars 2011.
« Addictions au sexe et aux jeux : les patients parkinsoniens se sentent floués par un laboratoire », Médiapart21 août 224.