« Hyperloop TT, c’était un peu les intermittents de l’émission » : la société américaine a quitté Toulouse, laissant des dettes
Retards de paiement, dettes… La start-up californienne a quitté Toulouse en début d’année sans honorer toutes les factures. Son ombre plane toujours.
A Toulouse, le train du futur appartient au passé. Il ne reste rien des travaux d’Hyperloop TT sur l’ancienne base aérienne de Francazal et son centre de recherche et développement. La capsule au design futuriste, les pompes à vide, le centre de contrôle et les systèmes de lévitation et de propulsion ont été transportés en Italie, où la start-up a remporté un appel d’offres. Le tube à essai de quatre mètres de diamètre et de 320 mètres de long perché sur des pylônes a été démonté. En janvier, les plaques métalliques ont été vendues à une entreprise spécialisée dans le recyclage de ce type de matériaux. Il n’y a pas de petit profit lorsque les billets sont courts.
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Selon plusieurs salariés, la start-up californienne a quitté la Ville rose dans une situation financière délicate. Elle aurait laissé derrière elle une dette de trois millions d’euros. « Hyperloop TT a beaucoup utilisé sa notoriété », assure un ancien salarié. En communication, ils sont très forts. » Une dette envers l’Urssaf est effective. « Nous ne commentons pas l’actualité pour des raisons de confidentialité », élude l’établissement public. Plusieurs factures n’ont pas été honorées par les partenaires financiers, qui n’ont pas souhaité répondre.
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« La direction n’y croyait pas vraiment… »
Serge*, ingénieur chez Altran, a travaillé sur le projet en février 2021 avec une soixantaine de collègues. Sa mission a duré six mois. « Cela s’est arrêté du jour au lendemain. On nous a simplement indiqué qu’Hyperloop TT n’avait pas payé les factures. Je ne sais pas si Altran attend toujours son argent. En tout cas, cela a coûté la tête à notre directeur local. Trois ou quatre mois après la fin de notre mission, il a été licencié. La direction ne devait pas croire très fort au projet. Elle ne plaçait que des ingénieurs qui n’avaient pas de contrat, ceux qui ne lui rapportaient pas d’argent. Hyperloop était un peu un obstacle au spectacle. Une start-up créée pour lever des fonds. Je travaillais pour Airbus, c’était beaucoup plus sérieux. »
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Les déboires financiers de la start-up avaient alarmé le parquet de Toulouse. En 2023, il porte l’affaire devant le tribunal de commerce. Hyperloop TT a trouvé un moyen d’échapper aux sanctions : il a purgé son passif. L’accusation a fini par se retirer. Peu après son installation à Toulouse, en 2017, l’entreprise autoproclamée « leader mondial dans le développement de la prochaine génération de transports durables à grande vitesse » a entamé son numéro d’acrobate financier.
Ses bureaux étaient situés dans la tour de contrôle de Francazal. Les employés ont dû les quitter. La faute à des loyers payés « systématiquement en retard », selon certains d’entre eux. Interrogée, la Société d’Exploitation de l’Aéroport Toulouse Francazal (SETFA) a assuré que « tout ce qu’Hyperloop devait payer a été payé ». « L’entreprise a également connu plusieurs retards de paiement envers le propriétaire du terrain, Toulouse Métropole. Elle a finalement payé la totalité du loyer », constate un ingénieur.