Après avoir publié en 2022 une vidéo parodique sur sa mauvaise expérience chez Body Minute, la créatrice Laurène Levy a été assignée en justice par la marque. Depuis, l’enseigne est largement critiquée sur les réseaux sociaux pour sa mauvaise communication et sa gestion de l’affaire.
Une affaire qui retourne Tiktok. Depuis quelques jours, l’enseigne de salons de beauté Body Minute est au cœur d’une polémique sur l’application de vidéos courtes. La marque est critiquée de toute part pour avoir attaquée en justice et critiquée publiquement l’influenceuse Laurène Levy.
Une rapide recherche sur Tiktok permet de se rendre compte de l’ampleur du phénomène. En tapant « Body Minute » dans la barre de recherche, l’algorithme suggère des dizaines de vidéos qui critiquent l’enseigne.
« Body Minute vous nous faites un tuto sur comment ruiner son image de marque et faire faillite, lance une utilisatrice. « Body Minute, vous pouvez arrêter de harceler Laurène? », demande une influenceuse. « J’ai la haine contre vous », peste une autre.
Une vidéo parodique qui déplaît
Tout est parti d’une vidéo parodique partagée par la créatrice Laurène Levy, alias Laulevy sur Tiktok en octobre 2022. L’influenceuse, qui se définit elle-même comme une « militante du bien-être au travail », réalise alors un petit sketch ou elle imite et parodie des esthéticiennes de l’enseigne, à la suite d’une mauvaise expérience dans un des établissements Body Minute.
« Alors, qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui? Les jambes, les aisselles, intégral le maillot? Non, d’accord… C’est un choix », lance-t-elle en vidéo. « Ah, vous avez des problèmes hormonaux… ça se voit. »
À l’époque, la vidéo passe relativement inaperçue. Mais elle ne plaît pas du tout à Body Minute. Quelques mois après la vidéo, l’influenceuse suivie par 330.000 abonnés reçoit des messages privés sur Instagram de la part d’esthéticiennes de Body Minute. Elles l’informent que leur entreprise demande aux employés de tout faire pour faire supprimer son compte Tiktok et sa vidéo. Sans succès.
Courriers, huissiers et assignation en justice
Body Minute décide donc de passer à la vitesse supérieure et envoie plusieurs courriers à l’employeur de l’époque de la jeune femme pour lui demander de lui faire supprimer sa vidéo, jugée « mensongère ».
« Leur hypothèse, c’était que mon employeur m’avait commandité à faire cette vidéo, parce qu’on travaillerait avec des marques concurrentes », précise Laurène dans une vidéo d’explications. Body Minute fait alors venir des huissiers sur le lieu de travail de la jeune femme pour fouiller son ordinateur. Selon la créatrice de contenus, aucune preuve n’aurait été trouvée.
L’histoire s’envenime un peu plus lorsque Body Minute met en demeure Laurène et lui demande de retirer sa vidéo parodique, ainsi qu’une autre publication où elle explique la situation à sa communauté. Face à son refus, l’entreprise décide de l’assigner en justice devant le tribunal de commerce pour « dénigrement commercial », en décembre 2024.
Faux commentaires et diffamation?
« Honnêtement, je ne pensais pas que Body Minute irait aussi loin », lance-t-elle dans une vidéo où elle résume la situation. « A aucun moment mon but n’était d’insulter la profession. »
De son côté, Body Minute partage sur Tiktok une vidéo le 31 décembre dernier où l’entreprise précise avoir assigné « Laurène la haine » en justice pour avoir publié des vidéos de « diffamation à des fins uniquement lucratives ». La marque l’accuse également d’avoir créé des « dizaines de faux comptes » pour commenter négativement leurs réseaux sociaux, ce que la créatrice dément formellement.
Pour l’influenceuse, cette vidéo est « diffamante et comporte des propos mensongers ». « Je suis assez surprise de cette vidéo, car il semblerait qu’au contraire, c’est Body Minute qui demanderait à ses esthéticiennes de laisser des faux avis et des commentaires », précise-t-elle dans une nouvelle vidéo explicative. Elle cite notamment un courrier qui aurait été envoyé aux employés et franchisés de la marque.
« Elle m’a créé un trauma à vie »
Une vidéo qui caracole à plus d’1,7 million de vues et qui enflamme le réseau social. De nombreuses utilisatrices se sont alors mis à partager leurs mauvaises expériences chez Body Minute et à défendre Laurène.
« Votre esthéticienne m’a dit, ‘on fait la moustache?’, » J’ai dit, ‘bah non’. Elle m’a dit, ‘vous êtes sûre?’ Et elle m’a créé un trauma pour toute la vie », se souvient ainsi Sindy Avecuns. « C’était horrible, ça me brulait, j’avais tellement mal », peste une utilisatrice après avoir raconté son épilation dans un institut de l’enseigne. « Le plus gros complexe qu’on m’ait créé il a commencé à 20 ans chez Body Minute », souligne une autre.
Face au « bad buzz », Body Minute a partagé un communiqué de presse en vidéo. « Nous avons entendu la volonté de la communauté Tiktok d’apaiser la situation avec Laurène Levy », assure l’entreprise.
« Nous n’avons pas cherché à harceler Laurène Levy, mais uniquement à retirer ses vidéos de la marque Body Minute car elles se moquent des jeunes esthéticiennes qui débutent dans ce métier », précise l’entreprise, qui assure retirer sa plainte et ses vidéos si Laurène surprime ses contenus à ce sujet.
Si la jeune femme ne retire pas ses publications, la date de l’audience est fixée au 16 janvier prochain. « J’ai tous les syndicats de l’esthétisme qui sont avec moi, mais j’ai peur du retentissement de cette histoire sur les jeunes femmes qui voulaient faire ce métier », glisse à 20minutes Jean-Christophe David, le créateur de la marque.