« Hors sujet », « communication nauséabonde »… les députés réagissent aux déclarations de Bruno Retailleau sur l’immigration irrégulière à Mayotte

Pour la première fois dans cette nouvelle Assemblée, le gouvernement a été confronté aux questions des députés mercredi 2 octobre, et le tout premier thème abordé a été la situation à Mayotte. Interrogé par un élu RN mahorais qui lui a répondu que la priorité était de « mettre fin à une immigration incontrôlée »le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est montré ferme et a notamment fait une annonce pour lutter sur place contre l’immigration irrégulière. Dès octobre, des vols groupés seront organisés pour pouvoir expulser les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo. Une annonce qui a fait réagir les députés.

« Mayotte ne peut pas se permettre de faire une grande déclaration, il faut agir » réaction d’Estelle Youssuffa à la sortie de l’hémicycle. Le député LIOT de Mayotte déplore cette frimerie : « Ce n’est pas une annonce, c’est déjà le cas ! » Et elle ajoute que le ministre de l’Intérieur n’a pas compris : « Le plus gros problème, c’est l’immigration comorienne et il n’en a pas dit un mot. Alors, quand il concentre toute sa réponse sur l’immigration des Grands Lacs et d’Afrique alors qu’elle représente moins de 3% de l’immigration clandestine à Mayotte, cela n’a pas d’importance. »

Anchia Bamana est l’autre députée de Mayotte. C’est elle qui a interpellé le gouvernement et la députée RN n’est pas convaincue non plus : « Il n’a pas répondu à ma question ! Mais je ne désespère pas, j’irai le voir personnellement au ministère de l’Intérieur. » De son côté, la gauche est indignée. Notamment les Insoumis Eric Coquerel : « Cela rappelle un peu les histoires de chartes. Tout cela fait partie d’une communication assez nauséabonde. »

Même colère pour le socialiste Dieynaba Diop : « Il y a un vrai problème d’immigration sur l’île de Mayotte et effectivement il faut s’y attaquer. Mais ce n’est pas en répétant l’argumentation du Rassemblement National que l’on va résoudre le sujet. Nous sommes dans une extrême droite qui cherche à donner assurances pour ne pas être censuré. Le socialiste appelle à un recentrage de la part du Premier ministre. Bruno Retailleau a également annoncé « accords de sécurité bilatéraux avec des pays » de la zone des Grands Lacs africains (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour « arrêter le flux ».