CONTRECela fait maintenant six mois que Benyamin Netanyahu prône « victoire totale » contre le Hamas à Gaza, sans que cela semble un objectif réalisable, même après la mort de plus de 33 000 Palestiniens, dont au moins 13 000 enfants.
Mais le Premier ministre israélien reste tout aussi intraitable dans son refus d’accepter, malgré les incitations américaines, le retour de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, car il voit le risque, dans ses yeux. insupportable, de la création éventuelle d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
C’était déjà pour enterrer la perspective d’un tel État que son prédécesseur, Ariel Sharon, avait refusé en 2005 de négocier avec l’AP les conditions du retrait israélien de Gaza, qui avait dans un premier temps conduit à la prise de contrôle de l’enclave palestinienne par le Hamas, puis à la montée en puissance des islamistes les plus extrémistes.
« Des entités locales avec une expérience managériale »
Malgré ces terribles leçons du passé récent, leçons intimement liées au bain de sang terroriste du 7 octobre 2023, Netanyahu persiste dans son refus, purement idéologique, de laisser l’AP rétablir son administration de Gaza. Mais il se trouve ainsi confronté à sa propre contradiction entre la lutte inexpiable contre le Hamas, d’une part, et l’opposition au retour de l’AP, rival historique des islamistes palestiniens, de l’autre.
Or, le Premier ministre a mis plus de quatre mois avant de publier, le 23 février, sa vision du « au lendemain du Hamas » à Gaza. Dans ce document d’une page, Netanyahu s’engage à préserver « Liberté d’action indéfiniment » d’Israël « dans toutes les zones de la bande de Gaza ». Il prône le maintien du blocus de l’enclave palestinienne, en vigueur depuis 2007, avec la collaboration de l’Egypte à la frontière sud. Et il reste inflexible sur le contrôle exclusif d’Israël sur l’espace aérien et la sortie maritime de Gaza.
Le « lendemain du Hamas » à Gaza ressemble donc beaucoup à la situation qui prévalait avant le 7 octobre 2023, à la différence majeure que le Hamas est censé avoir été « démantelé » Et « éradiqué » par l’offensive actuelle. Pour éviter la résurgence du mouvement islamiste, Netanyahu envisage de confier « Gestion civile et responsabilité de l’ordre public » a « des entités locales avec une expérience managériale ».
Derrière cette formule aseptisée se cache un pari sur certaines puissantes familles locales, liées aux services de renseignement israéliens et impliquées dans diverses activités criminelles, voire mafieuses. Ces familles utiliseraient ainsi leur influence traditionnelle contre le Hamas, mais aussi contre les partisans de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l’Autorité palestinienne. Une fois de plus, l’armée israélienne, malgré son excès de technologie et d’expertise, ne fait que recycler des formules déjà essayées, en vain, durant les trente-huit années d’occupation de la bande de Gaza, de 1967 à 2005.
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