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Hongrie : les réfugiés ukrainiens perdent leurs maisons, les conditions d’entrée pour les travailleurs russes sont assouplies

Au lendemain de la fête nationale hongroise, les réfugiés ukrainiens en Hongrie ont perdu mercredi leur logement social. Un décret réserve désormais le droit d’accès aux seules personnes déplacées en provenance des zones de guerre. Mais attention, ces secteurs seront redéfinis chaque mois par le gouvernement du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Après deux ans et demi de conflit armé depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, un changement « raisonnable et proportionné » de la loi était nécessaire, a expliqué le commissaire chargé de l’accueil des Ukrainiens Norbert Pal dans le journal pro-gouvernemental Magyar Nemzet.

Seul pays de l’Union européenne (UE) resté proche de la Russie, la Hongrie accueille 46 000 réfugiés, souvent d’origine hongroise. Une proportion bien inférieure à celle de ses voisins. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), cette mise en œuvre de ce nouvel amendement concerne entre 2 000 et 3 000 personnes.

Des femmes et des enfants roms expulsés mercredi

A Kocs, à 70 km au nord-ouest de Budapest, environ 120 réfugiés, en majorité des femmes et des enfants roms, ont été expulsés mercredi d’un centre d’hébergement sous surveillance policière, a constaté un photographe de l’AFP.

« Nous sommes dans une situation désespérée car nous n’avons nulle part où aller », a déclaré à l’AFP Marina Amit, mère de cinq enfants arrivée l’an dernier. « Nous ne pouvons pas retourner en Ukraine : j’ai un fils de 17 ans », a-t-elle ajouté, craignant qu’il ne soit enrôlé dans l’armée ukrainienne.

Les plus vulnérables sont les membres de la minorité ethnique rom de la région la plus occidentale de Transcarpatie, qui vivent toujours dans des refuges menacés de fermeture, selon la BBC. Certains ont la double nationalité ukrainienne et hongroise et se sont vu refuser toute aide dans d’autres pays de l’UE au motif qu’ils sont citoyens hongrois.

Pas d’autre solution de logement

Budapest recense actuellement treize zones géographiques touchées par l’invasion russe, soit la moitié de toutes les régions ukrainiennes. Cette liste doit être mise à jour tous les mois. Les réfugiés dont le dernier lieu de résidence en Ukraine ne se trouve pas dans l’une de ces régions perdront immédiatement leur droit à l’aide de l’État.

Selon la BBC, cela comprend non seulement un montant mensuel de base, mais aussi le droit à un logement gratuit. Aucune autre option de logement ne sera proposée. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a rappelé à la Hongrie qu’elle doit se conformer au droit européen, qui garantit aux réfugiés l’accès au logement.

Par le passé, le HCR a critiqué à plusieurs reprises la politique des gouvernements successifs de Viktor Orban. Lors de la vague migratoire de 2015, des barbelés ont été installés aux frontières avec la Serbie et la Croatie. En 2018, une loi a interdit aux ONG d’aider les réfugiés, entraînant des peines de prison. Des « chasseurs de migrants » ont alors été recrutés.

Les Russes et les Biélorusses sont les bienvenus

La Hongrie a toutefois assoupli les conditions d’entrée sur le territoire pour les Russes et les Biélorusses souhaitant travailler. Elle accorde aux « travailleurs invités » un permis de séjour de deux ans, renouvelable pour trois ans supplémentaires, et peut ouvrir la voie à la résidence permanente.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a demandé à Budapest des éclaircissements avant le 19 août, à la fois pour des raisons de sécurité intérieure avec un risque d’espionnage, et pour un éventuel « contournement des restrictions imposées par l’UE à la Russie ». La réponse est arrivée deux jours plus tard.

Huit pays nordiques et baltes – le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Islande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège et la Suède – se sont également exprimés sur la question dans une lettre datée du 15 août adressée à Ylva Johansson, exprimant leur profonde inquiétude face à ce projet et exhortant la Commission à réagir.

La Hongrie prend « dûment en compte les risques sécuritaires »

Dans une lettre partagée mercredi par Janos Boka, ministre hongrois des Affaires européennes, sur le réseau social X, le ministre hongrois de l’Intérieur Sándor Pintér affirme que le système de carte nationale – qui a été récemment étendu aux Russes et aux Biélorusses – serait délivré  » « conformément au cadre pertinent de l’UE et en tenant dûment compte des risques de sécurité impliqués ».

Sándor Pintér ajoute que la Hongrie n’est responsable que d’un seul  » fraction » permis de séjour actuellement délivrés aux ressortissants russes et biélorusses dans les 27 États membres de l’UE.

L’exécutif doit désormais évaluer les réponses de la Hongrie à une série de questions posées par la commissaire européenne, selon Euronews. Elle a clairement indiqué que l’UE était prête à agir si le système de cartes nationales posait un risque pour la sécurité.

Eleon Lass

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