Un homme particulièrement connu de la justice « trafic de drogue » a été identifié et est « activement recherché » pour le meurtre dimanche à Grenoble d’un employé municipal, à qui la ville et ses proches, sous le choc, ont rendu lundi un vibrant hommage.
« Un suspect dans le meurtre de Lilian Dejean a été identifié et est activement recherché »a annoncé lundi soir le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
« Quatre perquisitions ont eu lieu hier (dimanche) et aujourd’hui (lundi) dans les lieux où il est susceptible de résider. L’homme est connu de la justice pour divers délits. »dont « vol, violence et trafic de drogue »il a dit.
Lilian Dejean, un agent de nettoyage de 49 ans, était en service tôt dimanche matin sur le boulevard Jean-Pain, dans le centre-ville de Grenoble, lorsque, témoin d’un accident de la circulation, il a tenté d’empêcher l’agresseur de prendre la fuite. Ce dernier a alors sorti une arme et a tiré sur l’agent à deux reprises avant de prendre la fuite, abandonnant sa voiture accidentée.
Touché par deux balles au thorax, Lilian Dejean décède peu après.
La voiture accidentée du suspect, une puissante Audi RS3 immatriculée en Pologne, était un véhicule de location, selon le procureur.
Lundi a été marqué par plusieurs hommages successifs à la victime, unanimement qualifiée de « un homme de coeur »engagé au service des autres et de la communauté, syndicaliste de longue date, père et grand-père.
D’abord, plusieurs dizaines de ses collègues ont spontanément exercé leur droit de retrait et se sont rassemblés tôt lundi sur le parvis de la mairie, à quelques dizaines de mètres du lieu du drame. Ils ont accroché des photos et des messages au feutre, comme : « Tu nous manqueras » Ou « Le service public est mort avec vous ».
« Il n’aimait pas l’injustice et cela lui a coûté la vie. » deux employées de la ville présentes sur place, Nadia et Farida, ont été déplacées.
Lilian Dejean « je n’ai pas joué au cow-boy ni rien »a déclaré Xavier Rang, un de ses collègues du service nettoyage, qui le connaissait depuis longtemps. « Nous faisons partie du service public, si nous constatons des accidents nous intervenons pour voir si la personne est blessée ou s’il y a des fuites d’huile »il a souligné.
« Une violence inouïe »
Le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, a également rendu hommage au quadragénaire, dénonçant l’ « une violence inouïe qui a frappé notre collègue »lors d’une cérémonie depuis les marches de l’Hôtel de Ville. « On ne peut plus supporter ces armes partout »il a dit, exprimant son « tristesse » et son » colère « .
La métropole alpine a connu un été marqué par de nombreuses fusillades entre trafiquants de drogue. Au moins 17 épisodes de violences armées ont été recensés sur le territoire depuis le début de l’année et les autorités n’hésitent plus à parler de « guerre des gangs ».
« Il y a un problème social qui se pose, mais ce n’est pas le moment »a ajouté Eric Piolle à la presse. « Aujourd’hui est un moment de solidarité, de dignité et d’hommage ».
Réunis sous la pluie, plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux élus coiffés de leurs écharpes bleu-blanc-rouge, collègues et amis, ont observé une minute de silence.
« Chaque mort au travail est inacceptable, celle-ci l’est encore moins »a déclaré à la foule son collègue de la CGT Maxime Grand, le syndicat dans lequel était engagé Lilian Dejean.
Le syndicat avait auparavant déploré une « une tragédie (qui) s’inscrit dans un climat de plus en plus néfaste pour les travailleurs de première ligne qui sont confrontés à la violence dans leur vie quotidienne ».
Famille
Un dernier rassemblement en mémoire du défunt s’est tenu en fin d’après-midi sur les lieux de la fusillade, réunissant une centaine de personnes dont des membres de sa famille.
« C’était un gars vraiment sympa » » a déclaré avec émotion l’un de ses amis au micro lors de cette cérémonie improvisée, suivie d’une minute d’applaudissements, puis d’une minute de silence.
« Mon frère avait beaucoup d’amour, il vous aimait tous, vous lui avez donné beaucoup d’amour aussi, que ce soit des collègues de travail, de la famille, des amis. Vous êtes tous là : je pense à mon frère et je l’aime »son frère cadet Lichouki Dejean l’a raconté à l’auditoire.
« Le plus beau témoignage que vous puissiez lui donner, c’est votre présence ce soir car elle nous réchauffe le cœur. »a ajouté son autre frère Jean-Marc Dejean avant de déposer lui aussi des fleurs et d’embrasser ses proches.
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