HLM : 120.000 ménages de plus pourraient payer un surloyer
Le gouvernement veut bousculer les règles encadrant le complément de loyer, ce loyer supplémentaire que doivent payer les ménages logés sociaux, dès lors que leurs ressources dépassent d’au moins 20 % les plafonds en vigueur pour l’attribution des HLM.
Le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, l’indiquait il y a quelques jours dans « Les Echos » : « Il faut réexaminer la pertinence de continuer à occuper un logement social pour ceux qui ont largement dépassé les plafonds de revenus, ont pu hériter, ont parfois une résidence secondaire en leur possession, et dont le patrimoine – et c’est le sens de la vie – a évolué », a-t-il soutenu.
Risque de complexité
Les curseurs se déplaceront donc par rapport au loyer supplémentaire. Le projet de loi destiné à augmenter l’offre de logements abordables, qui doit être présenté en Conseil des ministres début mai – probablement le 7 -, prévoit qu’un loyer supplémentaire serait désormais versé dès que le revenu d’un ménage dépasse 1 euro. plafonds de ressources.
Au lieu de 80 000 ménages payant aujourd’hui un loyer supplémentaire, selon l’Union sociale pour le logement (USH) – soit 3 % de ceux soumis à l’enquête annuelle sur les ressources -, ce chiffre passerait à un peu plus de 200 000. Sachant que le système de loyer supplémentaire ne s’applique qu’à un peu plus de 60 % du parc.
Le projet de loi ne précise en revanche pas, à ce stade, comment serait calculé ce complément de loyer. Logiquement, les niveaux devraient varier en fonction de l’ampleur du dépassement. L’USH, qui regroupe les organismes HLM, craint aussi beaucoup de complexité lorsqu’il s’agit de locataires qui dépasseront à peine les plafonds de ressources.
Cas d’exonération
Les lignes devraient aussi bouger concernant la résiliation du bail des ménages devenus « trop riches » pour résider dans un logement social. Cela concerne aujourd’hui les locataires dont les ressources sont, pendant deux années consécutives, supérieures à 150 % des plafonds de ressources. Ils sont alors notifiés de leur préavis de licenciement par le bailleur et disposent d’un délai de deux ans pour quitter les lieux.
Avec la future loi, ce taux serait réduit à 120 %. Mais là encore, il existe des cas de dérogation : pour les plus de 65 ans ou pour les personnes handicapées, autorisées dans tous les cas à séjourner dans les lieux.
Il manque des statistiques sur le nombre de baux résiliés chaque année en raison de revenus excessifs. « Nous avons réalisé une enquête en 2018-2019 auprès des propriétaires et nous avons ensuite identifié 8 000 lettres recommandées envoyées aux locataires pour leur notifier leur préavis de résiliation », indique Marianne Louis, directrice générale de l’USH.
Elle estime cependant que «si l’on met à part Paris ou quelques villes frontalières avec la Suisse (où le niveau des loyers des logements privés est particulièrement élevé, NDLR), les gens partent souvent à cause de trop-payés, avant de recevoir ce courrier.» »