Hausse mondiale des prix de l’huile d’olive : la petite production française reste à l’abri
La filière française est peu touchée par cette crise. En effet, les huiles d’olive françaises sont produites en petite quantité, contrairement aux géants qui occupent le podium : Espagne, Italie, Grèce. Les huiles françaises occupent un secteur de niche uniquement axé sur la qualité et la dégustation. C’est en effet le secteur de l’huile d’olive du quotidien qui est particulièrement touché par la crise. Son prix a de quoi décourager plus d’un client. Sur les 2 dernières années, il a doublé. Et pour cause, l’Espagne, premier producteur mondial fournissant près de 50% de l’offre, connaît de mauvaises récoltes. En tant que leader du marché, c’est le pays qui fixe les prix mondiaux.
Selon la dernière Conférence mondiale sur l’huile d’olive organisée à Madrid en juin dernier par le Conseil oléicole international (COI), la production mondiale est passée de 3,42 millions de tonnes en 2021-2022 à 2,57 millions de tonnes en 2022-2023. Le COI prévoit une nouvelle baisse de la production en 2023-2024, à 2,41 millions de tonnes. Un autre exemple cité est le prix de la production espagnole d’huile d’olive extra vierge, qui a augmenté de 36,1 % entre la campagne 2021-2022 et la campagne 2023-2024, sur la même période du 8 au 14 avril. En conséquence, le prix d’achat est passé de 7 euros le litre à 11 euros en moyenne pour les produits d’entrée de gamme. Faute de budget suffisant, le consommateur se tourne logiquement vers d’autres oléagineux : huile de lin, de colza ou de tournesol, etc. Le réchauffement climatique est la cause directe de la baisse des rendements : étés caniculaires, hivers quasi inexistants et sécheresse empêchent le bon développement de la floraison. Si la dernière production espagnole (2023/2024) est moins catastrophique que la précédente, grâce à une pluviométrie plus importante, elle ne suffit pas à inverser la courbe. Côté français, la zone de production bénéficie d’un bon réseau d’irrigation : canaux de Provence et de Craponne, etc.
Pour répondre à la demande croissante, la France importe 95 % de son huile d’olive, dont une grande partie provient d’Espagne. Si cette dernière peut se permettre un double marché : consommation courante et dégustation, la France dispose d’un marché de niche et travaille son image de qualité. Son prix de l’huile, bien qu’élevé, n’a guère évolué.
L’huile française, une identification forte
Aux alentours de 40 € le litre, l’huile d’olive française peut être achetée directement au moulin, dans les épiceries fines ou spécialisées, dans certains restaurants et exceptionnellement dans certaines grandes surfaces. Comme les grands crus. Près de 30 % de la production nationale est labellisée par une AOP, 7 au total. Le prix français se justifie par les contraintes du cahier des charges et les récoltes quasi artisanales (ces mêmes exigences se retrouvent aussi pour les huiles de qualité espagnoles, italiennes, grecques…). En réalité, cette crise inflationniste est plutôt bénéfique pour la production nationale. L’écart de prix se réduit entre les autres huiles et les huiles françaises. Depuis 2022, nos ventes ne cessent de progresser et le consommateur est enclin à s’orienter vers les produits régionaux et, surtout, il est prêt à y mettre le prix ! Certains grands chefs recommandent d’avoir deux huiles d’olive à la maison, une pour les vinaigrettes et la cuisson, une autre de qualité, pour apporter une touche de goût. Un poisson blanc agrémenté d’une bonne huile, c’est top !
Un marché français en bonne santé mais des débouchés rares
Gare aux déceptions ! Yves Guillaumin, président de France Olive, souligne qu’une fois l’olivier planté, l’enjeu est de trouver des consommateurs prêts à payer 40 euros le litre. En revanche, il peut y avoir des débouchés pour les huiles françaises, moins soumises à la réglementation stricte des AOP. Le mélange de variétés espagnoles et françaises est par exemple autorisé. Là encore, « Il ne faut pas rêver : entre une huile espagnole à 12 euros en moyenne et une française à 25 euros, le consommateur saura faire son choix ! »