Hausse des impôts : le patron du Medef pose ses « conditions »
Habitué à ce que sa parole soit parole d’évangile en Macronie, le Medef pose ses conditions alors qu’une hausse de la contribution des entreprises est envisagée par le nouveau gouvernement Barnier. Le patron des patrons, Patrick Martin indique ainsi, dans une interview à parisien être « prêt à discuter » de cette éventualité mais pas dans n’importe quels termes. « Nous sommes dans une attitude constructive envers ce gouvernement »il se vante « parce que nous sommes conscients que la situation des finances publiques est très grave et l’équation politique fragile ».
Et le président du Medef s’est empressé de prononcer son « deux conditions ». Le premier : obtenir « la démonstration que sur les dépenses publiques excessives, l’État fait des efforts bien supérieurs à ce qu’il demande aux entreprises »Il s’agit d’une austérité à laquelle l’exécutif n’entend pas déroger. Dans les prochains jours, je proposerai au Parlement des choix forts avec trois priorités : financer les priorités du gouvernement, consolider ce qui fonctionne dans notre pays et réduire les dépenses publiques, tout en veillant à améliorer leur efficacité. « , répétait Laurent Saint-Martin, désormais ministre des Comptes publics, lors de la passation de pouvoirs à Bercy ce week-end. Des coupes dans les dépenses publiques comme une nouvelle opportunité de marché pour les entreprises privées, la boucle est bouclée.
Le retour du chantage à l’emploi
La deuxième exigence de Patrick Martin, dit-il, est que l’effort « ne freine pas la dynamique d’investissement et de création d’emplois dans un climat économique très fragile ». Argument classique du chantage à l’emploi pour éviter une juste contribution, servi avec la rhétorique habituelle de « l’étranglement » fiscal français : les entreprises « soutenir le niveau le plus élevé de prélèvements obligatoires fiscaux et sociaux au monde, 364 milliards d’euros par an »il pleure en jugeant « qu’il ne faut pas trop tirer sur la corde ».
Il est beaucoup moins loquace sur les quelque 190 milliards d’euros – selon les travaux de la chercheuse Anne-Laure Delatte – consacrés par la collectivité à l’aide aux entreprises, en grande partie sans conditions. Il est également peu loquace sur le fait que« En 2021, les impôts des ménages représentent une contribution équivalente à 23,8% du PIB, tandis que les impôts payés par les entreprises représentent 5,9% »selon l’économiste.
Si le président du syndicat patronal se dit ouvert, aucune des pistes envisagées ne trouve grâce à ses yeux, de la réduction du Crédit d’impôt recherche (CIR), à la taxation des rachats d’actions en passant par la réduction des exonérations de cotisations sociales. Patrick Martin recommande plutôt de recycler de vieilles recettes comme s’attaquer à la fraude à la sécurité sociale (en l’occurrence celle des salariés plutôt que des employeurs), au système de sécurité sociale des frontaliers qui ne cotisent pas en France, au personnel administratif du système de santé ou à la « surréglementation ».
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