Hassan, Panot, Obono… Les enquêtes d’apologie du terrorisme visant ces élus LFI au point mort
Plusieurs mois après le dépôt de plaintes visant des personnalités de La France insoumise (LFI) accusées d’apologie du terrorisme, les enquêtes se poursuivent mais ne devraient pas déboucher sur un procès et encore moins sur une condamnation.
Des procédures judiciaires qui font pschitt. La présidente des députés insoumis Mathilde Panot, sa collègue Danièle Obono et la députée européenne Rima Hassan font l’objet de plaintes pour apologie du terrorisme.
Pour le moment, aucune de ces procédures ne devrait avoir de conséquences juridiques, selon les informations de BFMTV. Tout un symbole puisque le mouvement a déposé un projet de loi visant à rayer ce délit du code pénal et à le réinscrire dans le droit de la presse.
• Mathilde Panot : les enquêtes probablement classées sans suite
Premier cas : celui de Mathilde Panot. Le chef des députés insoumis a été entendu par la police judiciaire le 30 avril après des plaintes pour « apologie du terrorisme ».
Les plaintes dénonçaient le communiqué de LFI qu’elle avait diffusé après l’attentat du 7 octobre comme Israël. Dans ce texte, elle évoque à la fois les attaques du Hamas comme « une offensive armée des forces palestiniennes » et « l’intensification de la politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.
Dans la foulée, l’Organisation juive européenne (EJO), une association qui regroupe principalement des avocats, a annoncé avoir déposé une plainte pour apologie du terrorisme contre Mathilde Panot.
Selon un arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation, l’apologie du terrorisme correspond à des propos « présentant un acte de terrorisme ou son auteur sous un jour favorable ». Si l’enquête contre Mathilde Panot se poursuit, elle devrait être classée sans suite.
Ces plaintes intervenaient dans le cadre d’un recours du ministre de la Justice de l’époque, Éric Dupond-Moretti. Le ministre de la Justice avait écrit une circulaire ordonnant aux procureurs d’engager des poursuites sur cette base tout propos public « vantant les attentats » de l’organisation islamiste ou « les présentant comme une résistance légitime à Israël ».
• Rima Hassan : les enquêtes toujours en cours et une plainte classée
Deuxième cas : Rima Hassan. En pleine campagne pour les élections européennes, le candidat insoumis avait tenu à plusieurs reprises des propos qui ont suscité la polémique.
Cet avocat franco-palestinien a par exemple répondu « vrai » à la déclaration « Le Hamas mène une action légitime » au média en ligne Le Crayon, provoquant le dépôt d’une plainte pour apologie du terrorisme par la députée de la Renaissance Caroline Yadan.
Rima Hassan a ensuite évoqué un extrait tronqué et regretté la « censure » de ses « développements et réponses étayées », précisant qu’elle avait qualifié le Hamas de « groupe terroriste » (terroriste NDLR).
Son utilisation des termes « du fleuve (Jordanie) à la mer (Méditerranée) » a également suscité la colère de certains députés, dont Meyer Habib, très proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L’expression peut avoir de nombreuses significations, allant de l’exigence d’un État palestinien à un territoire considérablement étendu jusqu’à la destruction d’Israël.
Ces enquêtes sont toujours en cours. Celle qui porte sur ses propos qui visaient le chef de l’Etat Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères de l’époque Stéphane Séjourné, a été classifiée.
« Nous allons venir à l’Élysée si vous ne faites rien pour arrêter le massacre, cachés comme vous l’êtes, complices que vous êtes », écrivait Rima Hassan sur X fin mai.
• Danièle Obono : vers un classement sans suite
Dernier cas en date : la députée Danièle Obono. Le député insoumis avait qualifié le Hamas de « mouvement de résistance » sur la radio Sud en octobre 2023. Ces propos ont été rapportés à la justice par le ministre de l’Intérieur de l’époque Gérald Darmanin.
L’élu parisien a été entendu par la police. Si l’enquête se poursuit, elle risque d’être classée sans suite.
Le délit d’apologie du terrorisme et le fait qu’il soit devenu depuis 2014 un délit de droit commun fait débat parmi les juristes.
La Cour européenne des droits de l’homme a dénoncé en 2022 une loi « non nécessaire dans une société démocratique ». La proposition de La France insoumise de réintégrer ce délit dans le droit de la presse a été jugée « ignoble » par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.