A 40 ans, le joueur au palmarès XXL a disputé mercredi le dernier match de sa carrière face à l’Allemagne en quart de finale des Jeux. Pour un adieu un peu triste, mais pas seulement.
Envoyé spécial à Villeneuve d’Ascq
Et voilà, c’est fini. Sur une élimination cruelle. Un dernier match, un 365et sélection et un palmarès vertigineux qui ne s’orneront pas d’un quatrième titre olympique après ceux de 2008, 2012 et 2021 (plus une médaille d’argent à Rio en 2016). Vingt-deux ans (!) après sa première apparition sous le maillot bleu, un an après avoir annoncé qu’il raccrocherait définitivement les crampons à l’issue de ces Jeux de Paris, Nikola Karabatic, comme il l’a déclaré en conférence de presse, n’est pas « je ne suis plus handballeur »Il prononça ces mots d’une voix douce. Avec un sourire qui n’était pas forcé. Animé par des sentiments ambivalents. « C’est un sentiment très étrange. Je suis triste et pas triste en même temps. »
Triste car les Bleus sont éliminés. « Il y a de la déception pour l’équipe. Pour moi, c’est différent car c’est mon dernier match. Je suis triste pour eux et, en même temps, je n’ai pas le droit d’être triste. »dit la légende qui a fêté ses 40 anset anniversaire le 11 avril. « J’ai toujours le sourire. Pour les autres, c’est un moment difficile dans leur carrière. Mais ils vont s’en sortir et passer à autre chose. Pour moi, c’est la fin. Donc je ne peux pas être triste parce que c’est fini. C’est à moi de réconforter mes coéquipiers. Je les ai remerciés, je leur ai dit que c’était un bonheur à chaque fois de jouer avec eux. Ça me rappelle tous ces souvenirs positifs… »
La dernière n’est pourtant pas là. Cette qualification qui était à leur portée avant une ultime action incroyable, une grossière erreur de Dika Mem pour permettre à l’Allemagne d’arracher la prolongation et de sortir victorieuse. « C’est un sentiment irréel de perdre dans ce scénario alors que vous avez le match en main, deux buts d’avance à 20 secondes de la fin, et ce retournement de situation. Il y a 1% de chance que l’Allemagne revienne et gagne à ce stade. C’est tout simplement fou de penser cela. »admet Nikola Karabatic.
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Il plisse les yeux et continue de sourire. « J’aurais aimé finir avec une médaille autour du cou, mais apparemment j’avais suffisamment gagné. Je n’avais plus le droit. » Rires du public. Et un rapide survol mental de son palmarès en équipe de France : trois médailles d’or et une d’argent aux JO, mais aussi quatre titres de champion du monde (2009, 2011, 2015 et 2017, finaliste en 2023, 3et en 2005 et 2019) et autant de champions d’Europe (2006, 2010, 2014, 2024, 3et en 2008 et 2018). Ne jetez plus rien…
A l’issue du quart de finale, joueurs français et allemands se sont alignés pour lui rendre hommage et applaudir ses adieux. « C’est une énorme marque de respect. Je reçois aussi beaucoup d’amour du public, j’en suis très reconnaissant. Mais c’est difficile de le ressentir après avoir perdu. »admet l’arrière gauche. « J’étais sûr à 100 % que nous allions gagner. Enfin, à 99 %. Le 1 % est une boule dans le gâteau. On n’y croit pas à l’époque. » Et lui, il croit que c’est fini ? Qu’on ne le reverra plus jamais sur un parquet. « Je n’en ai pas encore pleinement conscience. Il me reste un moment dans le vestiaire avec mes coéquipiers, mon dernier moment en tant que joueur. J’ai hâte de me sentir ensemble, même dans la défaite. De vivre cette douleur avec eux, d’être à leurs côtés. »
« Maintenant ? Je vais vivre. Et m’amuser.
Et après ? « Quand je reviendrai et que je me retrouverai chez moi, sans emploi du temps, ce sera un peu étrange. Mais j’ai hâte de découvrir cette nouvelle vie. J’ai la chance de vivre cette expérience après 30 ans passés dans le handball. » A-t-il une idée plus précise de ce qui va se passer ensuite ? « Non… Je vais vivre. Et m’amuser. » Après avoir tant donné à tous ses supporters.