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Haine anti-immigrés, réseaux sociaux et fake news… Derrière les émeutes au Royaume-Uni, « c’est l’extrême droite qui est à l’œuvre », selon un spécialiste

Des affrontements ont eu lieu dans une douzaine de villes depuis mardi dernier, après une attaque au couteau dans laquelle trois jeunes filles ont été tuées, une tragédie utilisée par l’extrême droite pour attiser la haine, selon les autorités.

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Un manifestant tenant un drapeau de Saint-Georges se tient devant une ligne de policiers à Bristol, dans le sud de l'Angleterre, le 3 août 2024, lors de la manifestation après les coups de couteau mortels à Southport le 29 juillet. (JUSTIN TALLIS / AFP)

Condamnations »rapide« , en envoyant des policiers spécialisés… Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis, lundi 5 août, une réponse ferme pour mettre un terme aux violences d’extrême droite qui se sont propagées au Royaume-Uni au cours du week-end.

Slogans « trop c’est trop« , affrontements avec la police, pillages de magasins, émeutiers s’en prenant physiquement à des personnes noires… Une semaine après l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois jeunes filles à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le pays fait face à ses pires troubles depuis 13 ans, avec un mélange de fausses informations sur les origines du suspect et de racisme flagrant et violent. La police a procédé à plus de 378 arrestations depuis le début des affrontements, selon le NPCC, organisation qui regroupe les chefs des différentes forces de police du pays.

Pour Laetitia Langlois, maître de conférences en civilisation britannique à l’université d’Angers, l’ombre de l’extrême droite plane sur ces événements. Et ces comportements racistes et xénophobes ne surgissent pas de nulle part : «On l’avait vu, notamment au moment du Brexit, mais on avait l’impression que les choses s’étaient peut-être un peu calmées, un peu calmées. Pourtant, cet événement de trois jeunes filles assassinées a tout de suite réveillé une partie de la population britannique qui nourrissait déjà une haine anti-immigrée, avec l’idée qu’il s’agissait forcément d’un immigré et d’un musulman.« , décrypte-t-elle.

Le suspect, Axel Rudakubana, 17 ans, né au Pays de Galles de parents originaires du Rwanda selon les médias, est accusé de meurtre et de tentative de meurtre. Sur les réseaux sociaux, de fausses informations ou des spéculations non fondées hostiles aux migrants et aux musulmans se sont propagées dans le cadre de cette affaire.

Les spécialistes de l’extrémisme au Royaume-Uni y voient l’œuvre d’idéologues d’extrême droite rejoints par des jeunes mécontents, le tout dans le cadre d’une nouvelle stratégie de plus en plus présente sur Internet, en plus de la traditionnelle violence de rue. Le Royaume-Uni connaît depuis longtemps des mouvements d’extrême droite actifs et violents. Le British National Front, raciste et anti-immigrés, associé à la culture skinhead, a émergé dans les années 1960 et 1970. Le British National Party, qui en est issu, a pris de l’importance au début des années 2000. Les années 2010 ont vu l’émergence de nouveaux groupes plus diffus liés au milieu hooligan, avec des mouvements comme l’English Defence League, anti-islam et plus récemment le groupe néonazi Patriotic Alternative.

Ces dernières années, ces groupes se sont de plus en plus tournés vers les populations défavorisées pour encourager et amplifier, via les médias sociaux, les inquiétudes de la droite traditionnelle concernant le niveau d’immigration, tant régulière qu’irrégulière.

Pour Laetitia Langlois, il n’y a aucun doute : malgré la victoire écrasante de la gauche aux dernières élections législatives, l’entrée – pour la première fois – de Nigel Farage et de son Parti réformateur au Parlement britannique a eu un impact.« C’est l’extrême droite qui est à l’œuvre, et notamment l’English Defence League, qui est un groupe clairement identifié comme anti-musulman. Vous avez aussi Nigel Farage, le leader du parti réformiste qui a précédé le parti UKIP, et vous avez aussi un influenceur machiste, qui a une influence très forte en ce moment, dans ce contexte d’émeutes anti-immigrés », a-t-il ajouté. elle explique à franceinfo.

« Tommy Robinson », alias Stephen Yaxley-Lennon, est un agitateur anti-musulman au lourd casier judiciaire qui a contribué à fonder l’EDL en 2009. Il a organisé de grandes manifestations ces derniers mois mais se trouve actuellement à l’étranger, où il a publié de nombreux messages sur les réseaux sociaux au sujet des troubles. Son compte X (anciennement Twitter), qui avait été supprimé, a été rétabli par le patron de la plateforme, Elon Musk, l’année dernière. Le milliardaire lui-même a été accusé d’avoir attisé les tensions. Dimanche, il a écrit :la guerre civile est inévitable » en réponse à un utilisateur accusant les émeutes de « Les effets de la migration de masse et de l’ouverture des frontières« .

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