Habitué aux polémiques, l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, va quitter ses fonctions
Figure emblématique de la diplomatie chinoise du « loup combattant », Lu Shaye a été convoqué à plusieurs reprises par le Quai d’Orsay au cours de ses cinq années de mandat à Paris. Son remplaçant n’est pas encore connu.
Annoncé à plusieurs reprises sur son départ, Lu Shaye va quitter définitivement son poste. Le mandat de l’ambassadeur de Chine en France « touche à sa fin »annonce à Figaro ce mercredi 5 décembre, la représentation chinoise à Paris. Une réception d’amitié sino-française a eu lieu mardi à l’ambassade à cette occasion. La date précise de son départ n’est pas encore connue, tout comme le nom de son successeur, précise l’ambassade. Le diplomate avait déjà été annoncé comme partant à l’été 2023 après avoir contesté la souveraineté de l’Ukraine, ce qui lui a valu une convocation du Quai d’Orsay.
Figure emblématique du « Diplomatie de lutte contre les loups », caractérisé par une agressivité rompant avec la retenue traditionnelle en matière diplomatique, Lu Shaye aura passé cinq ans et quatre mois à Paris. Durant ce long mandat, il se distingue en déclenchant plusieurs polémiques. La plus retentissante est celle qui l’oppose au chercheur français spécialiste de la Chine Antoine Bondaz. Sur Twitter, il l’a insulté, le traitant de « petite grève » avant d’enfoncer le clou sur le site de l’ambassade, en l’appelant « troll idéologique ». Il s’en est ensuite pris à « des hyènes folles » OMS « se déguisent en chercheurs et médias et attaquent furieusement la Chine ». Ces débordements lui avaient déjà valu une convocation du ministère des Affaires étrangères.
De nombreuses controverses
Ce n’était pas sa première tentative. Au début de l’épidémie de Covid-19, en mars 2021, Lu Shaye accusait les soignants français d’abandonner leur poste. « Le personnel soignant des Ehpad a abandonné son poste du jour au lendemain, a déserté collectivement, laissant ses résidents mourir de faim et de maladie »a-t-il écrit sur le site Internet de l’ambassade. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian l’a alors informé de son «désapprobation« . En mai 2022, le diplomate comparait également les Ouïghours, persécutés en Chine, à « stagiaires ». Ils ne sont pas « non interné » mais « dans les centres d’enseignement et de formation professionnelle »a-t-il assuré, alors que plus d’un million de Ouïghours ont été « rééduqués » dans les camps de détention chinois de la province du Xinjinag, selon les chiffres de l’ONU.
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Plus récemment, en avril 2023, Lu Shaye remettait en question la souveraineté de l’Ukraine sur le plateau de LCI. « Les pays de l’Union soviétique n’ont aucun statut effectif en droit international parce qu’il n’existe aucun accord international pour concrétiser leur statut de pays souverains »il a insisté. Pourtant, l’intégrité territoriale est un principe sacro-saint en Chine, qui l’utilise pour étouffer les désirs d’indépendance du Tibet et de Taiwan. L’article 2 de la Charte des Nations Unies, dont font partie la Chine et l’Ukraine, souligne également que « L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres ». Le diplomate chinois a également déclaré que la Crimée, territoire ukrainien occupé par la Russie depuis 2014, «au début, tout était en Russie». Il avait été une nouvelle fois convoqué par le Quai d’Orsay et désavoué par son propre pays.
Agé de 58 ans, Lu Shaye fait partie de cette nouvelle génération de diplomates qui mènent une guerre médiatique contre tous ceux qui critiquent la politique de Pékin. « Agressif, donneur de leçons, révisionniste aux ordres du Maître, il est un pur produit du leadership de Xi Jinping qui augure d’un changement radical de posture adoptée par les diplomates chinois »» décide le sinologue Emmanuel Lincot au Figaro. « C’est le symptôme d’une diplomatie totalement inféodée à l’idéologie du Parti et à sa vision néo-impériale ».
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