habitants et commerçants sous le choc après l’annonce de la fermeture de l’usine Solvay dans le Gard
L’annonce de la fermeture de l’usine Solvay de Salindres, dans le Gard, a provoqué un profond choc au sein de la commune. L’usine fait partie intégrante du paysage local depuis plus d’un siècle. Sa disparition annoncée met en danger l’avenir économique du village. Attachés à leur usine, les ouvriers se mobilisent pour défendre leurs emplois.
A Salindres, l’annonce de la fermeture de l’usine Solvay a choqué la population. Depuis plus d’un siècle, cette usine fait partie intégrante du paysage et de la vie des habitants. » À l’époque, papa y travaillait, ce n’est donc pas quelque chose de récent puisqu’il aurait plus de 100 ans. Bon là, c’est un désespoir quand même pour les Salindrois et surtout pour les gens qui n’auront plus de travail », confie un habitant, exprimant le choc ressenti par beaucoup.
Dans ce village du Gard, tout le monde est directement ou indirectement concerné. La fermeture de l’usine, qui emploie 68 personnes, a des répercussions qui vont bien au-delà des seuls salariés. « C’est important pour la vie du village, pour l’école, pour les commerces, pour les commerçants », déplore un autre habitant.
Au « Factory Café », où se retrouvent quotidiennement ouvriers et sous-traitants de Solvay, l’ambiance est sombre. La gérante, en poste depuis un an et demi, s’inquiète pour l’avenir de son entreprise. « Nous ne sommes ici que depuis un an et demi. La restauration, ce n’est pas seulement l’usine car nous avons aussi des artisans, mais ça fait quand même peur», explique-t-elle.
La même crainte est partagée dans les commerces du village. A la boulangerie, l’une des trois de Salindres, le boulanger se demande ce que l’avenir lui réserve : « On ne sait pas ce que cela va entraîner car, malgré tout, Solvay était une entreprise de 68 salariés, mais qui embauchait aussi des freelances à côté. Alors les gens qui viennent déjeuner, prennent des sandwichs, des salades, des quiches. »
Pour le maire DVG de Salindres, Étienne Malachanne, cette fermeture est un véritable coup dur. » C’est une commune qui connaît plutôt une croissance démographique, avec un certain développement économique. Alors aujourd’hui, c’est sûr que c’est vraiment une très mauvaise nouvelle, inattendue », déclare-t-il, conscient de l’impact que cette fermeture aura sur les dynamiques locales.
Les ouvriers sont fermement attachés à leur usine et à leur village. Un syndicaliste CGT témoigne de leur désarroi : « Ils l’appellent communément leur usine pour les anciens et même les nouveaux employés. Ils ont construit leur usine ici, ils ont fait construire des maisons, ils ont des enfants, ils ont leur femme qui travaille ici et du jour au lendemain, on est obligé de leur dire d’aller travailler ailleurs, ce n’est pas compréhensible. » En réponse, les salariés ont décidé de se mettre en grève jusqu’au 4 octobre, date des premières négociations.
La fermeture de l’usine de Salindres intervient dans un contexte de tensions autour des questions environnementales. En début d’année, un rapport de l’association Générations Futures faisait état de concentrations « exceptionnellement élevées » de substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) dans les eaux proches du site. Mais pour les autorités locales, cette fermeture est avant tout un drame social.
La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a exprimé son soutien aux salariés. » La décision brutale prise par la direction du groupe Solvay d’arrêter la production chimique sur le site de Salindres est un véritable coup dur pour le territoire et ses habitants. » a-t-elle souligné dans un communiqué, tout en lui apportant « un accompagnement total pour les 68 salariés concernés « . Elle a également appelé à » faire tout son possible pour les accompagner et leur permettre de conserver ou de retrouver rapidement un emploi « .
Du côté des syndicats, la colère gronde. Bruno Rivier, secrétaire départemental de la CGT, a dénoncé un « absurdité économique » : « Nous n’allons pas laisser cela arriver », a-t-il déclaré au micro de France 3 Occitanie.
Solvay, de son côté, justifie cette décision par des raisons économiques. Le groupe chimique explique que les efforts de diversification et les investissements réalisés sur le site n’ont pas suffi à compenser la baisse d’activité. L’arrêt de la production de TFA (acide trifluoroacétique) et de dérivés fluorés à Salindres apparaît donc, selon la direction, inévitable.
Pour les Salindrais, cette annonce marque la fin d’une époque.
Écrit avec Pauline Pidoux et l’AFP.