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Guerre Russie-Ukraine : y a-t-il un risque d’un nouveau Tchernobyl à Koursk ?

Face à la perspective d’une avancée des forces ukrainiennes vers la centrale nucléaire de Koursk (ouest de la Russie), le ministère russe des Affaires étrangères a appelé à une intervention urgente de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Au cours des deux dernières années, la Russie a bombardé et pris de force la centrale ukrainienne de Zaporijia, et occupé le site contaminé de Tchernobyl, au mépris total des risques encourus.

Serhiy Plokhiy est un historien renommé de Harvard qui a écrit le récit de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, pour lequel il a remporté le prix Baillie Gifford de non-fiction en 2018. Le livre a été l’une des sources du drame de HBO l’année suivante. Dans une interview accordée au Guardian, il décrit comment les installations nucléaires sont devenues un aspect terrifiant du champ de bataille d’aujourd’hui. Son prochain livre, La roulette de Tchernobylsortira le 3 septembre 2024.

Poutine n’a « tiré aucune leçon de la catastrophe »

Paradoxalement, le chercheur estime que la menace actuelle à Koursk offre une petite lueur d’espoir. « Maintenant que même la Russie pointe du doigt l’AIEA, c’est peut-être l’occasion d’examiner à quel point nous sommes mal préparés à gérer une crise nucléaire dans le contexte d’une guerre, lorsque des installations conçues comme des atomes pour la paix deviennent des atomes pour la guerre. »il explique.

Selon lui, Poutine n’a tiré aucune leçon de la catastrophe de Tchernobyl : « En occupant le site, l’armée russe a commencé à creuser des tranchées dans la zone d’exclusion, à la lisière de la Forêt rouge. Tout porte à croire que des soldats conscrits, sans vêtements ni équipements de protection, ont allègrement déterré l’un des terrains radioactifs les plus toxiques de la planète. »

Un autre épisode clé raconté dans le livre est le moment où les commandants russes sont entrés dans la salle des opérations de la centrale nucléaire. Leur plan était d’arrêter les experts en sécurité et les scientifiques qui surveillaient le site. Mais si la direction de la centrale cédait le contrôle aux Russes, elle cédait également la responsabilité du maintien de la sécurité à Tchernobyl.

L’historien a eu accès aux témoignages des acteurs du côté ukrainien, recueillis après la libération de la centrale. « Tchernobyl a évidemment une importance et une signification particulières dans le monde entier, et notamment en Ukraine. C’est pourquoi de nombreuses personnes se sont immédiatement rendues sur place pour recueillir ces informations. »

Malgré tout, il ne désespère pas qu’un nouveau consensus puisse se former : « La leçon à tirer de 2022 est peut-être que le moment est venu de parler de sûreté nucléaire et de s’appuyer sur elle pour l’avenir. » Si tel était le cas, son livre serait « un bon point de départ pour ces discussions »déclare The Guardian.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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