Guerre en Ukraine : « Premier pas vers une guerre mondiale », ce que l’on sait de l’envoi de troupes nord-coréennes en soutien à l’armée russe
Les renseignements sud-coréens ont indiqué vendredi 18 octobre que des soldats nord-coréens avaient été envoyés en Russie dans le but d’intégrer son armée et d’être déployés sur le front ukrainien. 4 questions pour comprendre ce qui pourrait constituer un rebondissement dans le conflit.
Le Service national de renseignement (NIS) sud-coréen a expliqué ce vendredi 18 octobre que 12 000 soldats nord-coréens seraient envoyés pour aider la Russie. De quelles informations disposons-nous à ce stade ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur la poursuite du conflit ? Nous expliquons les conséquences sur la situation ukrainienne en 4 questions
Que disent les services de renseignement sud-coréens ?
Cette information est prise très au sérieux dans le sud de la péninsule coréenne. Le président Yoon Suk Yeol a convoqué une réunion de sécurité d’urgence vendredi 18 octobre. Les services de renseignement du pays évoquent déjà 1 500 soldats en Russie, et un total de 12 000 qui devraient à terme garnir les rangs russes.
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LE CoréeTimesun journal sud-coréen rapporte, en s’appuyant sur les déclarations du NIS, que ces 1.500 premiers soldats ont été transportés entre le 8 et le 13 octobre à bord de quatre navires de débarquement amphibies et de trois navires d’escorte russes. Les renseignements en ont également apporté la preuve en publiant une photographie satellite d’un navire russe quittant le port de Najin (Corée du Nord). Si des armes nord-coréennes se trouvaient effectivement à bord, il est impossible pour l’instant d’établir si des militaires s’y trouvaient. « Une deuxième opération de transport devrait avoir lieu prochainement », précise l’NIS.
Les soldats nord-coréens sont-ils déjà en première ligne ?
Alors qu’en Ukraine comme en Corée du Sud, la rumeur circulait déjà depuis un moment, le NIS a confirmé la présence d’un soldat nord-coréen sur le front. Les services de renseignement ont utilisé la technologie de reconnaissance faciale sur une photo prise en Ukraine et ont pu identifier un technicien de missiles nord-coréen qui était auparavant apparu aux côtés de Kim Jong-un.
Les médias ukrainiens ont également rapporté que six soldats nord-coréens avaient été tués début octobre lors d’une frappe de missile ukrainien sur une zone occupée par la Russie près de Donetsk.
Que font les troupes nord-coréennes en Russie ?
Les soldats déjà présents sur le territoire étranger sont stationnés dans diverses localités de l’Extrême-Orient russe, notamment à Vladivostok, Ussuriysk, Khabarovsk et Blagoveshchensk, comme l’a rapporté CoréeTimes. On pense actuellement que les troupes coréennes sont intégrées aux unités russes. Il semblerait qu’ils soient équipés d’uniformes et d’armes russes. L’objectif serait de dissimuler leur nationalité à l’ennemi et, en ce sens, de fausses identités de citoyens russes leur auraient été fournies.
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Les membres de l’armée nord-coréenne suivent actuellement une formation d’adaptation. Selon les renseignements sud-coréens, une fois cet entraînement terminé, ils devraient rejoindre le front et pourraient être déployés en partie dans la région de Koursk dont l’Ukraine occupe une partie du territoire depuis le 6 août.
Pour la Corée du Nord, cet envoi de troupes permettrait un entraînement à grande échelle même si son armée n’a jamais pu s’entraîner sur de véritables terrains de guerre. Pour les dirigeants russes, l’objectif est tout autre. Alors que l’armée russe subit de nombreuses pertes et que la mobilisation des citoyens est de plus en plus complexe, cet ajout de troupes étrangères permettrait de continuer à être plus nombreux que l’ennemi.
Qu’est-ce que cela signifie pour le reste du conflit ?
Une chose est sûre, la collaboration entre la Russie et la Corée du Nord continue de se renforcer. En juin de cette année déjà, les deux pays ont signé « un accord de partenariat stratégique » prévoyant une défense mutuelle en cas d’agression et une coopération sur les plans militaire et diplomatique.
Puis, le NIS a assuré le 18 octobre que la Corée du Nord avait « fourni à la Russie l’équivalent de plus de 13 000 conteneurs de munitions d’artillerie, missiles, roquettes antichar et autres armes meurtrières » depuis août. Et maintenant, elle lui fournit des hommes de sa propre armée.
Les avis divergent sur le sens à donner à cette « opération ». Pour le Premier ministre britannique Keir Starmer, cela prouve que « la Russie s’affaiblit ». A l’inverse, Volodymyr Zelensky prévient : « C’est le premier pas vers une guerre mondiale. » Le président ukrainien entend profiter de cette « opportunité » pour obtenir de ses partenaires occidentaux l’autorisation d’utiliser, y compris sur le sol russe, les armes à longue portée qu’ils lui fournissent. Une demande qu’il formule depuis longtemps mais que les Occidentaux continuent de lui refuser par crainte des représailles qu’entraîneraient de tels agissements.