Guerre en Ukraine : pourquoi Olaf Scholz veut-il désormais accélérer les négociations de paix ?
Olaf Scholz s’est prononcé en faveur d’une intensification des efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique ZDF dimanche 8 septembre, le chancelier allemand a déclaré : « Je pense qu’il est désormais temps de discuter de la manière dont nous pouvons sortir de cette situation de guerre et parvenir à la paix plus rapidement. »
Cette position explicite en faveur d’une solution négociée contraste quelque peu avec une ligne consacrée, jusqu’ici, au seul soutien d’une victoire militaire de l’Ukraine, qui se laissait confondre avec celle de l’Otan. Scholz affirme dans le même temps cultiver les meilleures relations avec le président ukrainien, qu’il avait reçu deux jours plus tôt, pour se dire d’accord avec Volodymyr Zelensky sur la convocation d’une conférence de paix avec la participation de la Russie.
Changement de pied et rétropédalage
Le changement de cap est d’autant plus remarquable que le même chancelier avait annoncé, juste après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, une « changement d’ère »augmentant ses dépenses militaires de plus de 100 milliards d’euros.
Déjà fin août, Berlin, devenu, après les Etats-Unis, le premier fournisseur d’armes de Kiev, avait annoncé son intention de réduire de moitié cette aide en 2025. Même si Scholz reste ambigu sur le sujet, puisqu’il a également promis à Zelensky de poursuivre les livraisons « aussi longtemps que nécessaire ».
Les informations inquiétantes venues du terrain, les craintes de nouvelles escalades comme d’un blocage, ne sont pas les seules explications à ce soudain souci de paix. Au plus mal sur le plan intérieur, à un an des élections au Bundestag, Scholz cherche à rassurer une opinion publique très alarmée, notamment par ses déclarations à l’issue du dernier sommet de l’Otan en juillet, lorsqu’il a annoncé l’autorisation donnée au déploiement, d’ici deux ans, de missiles américains à longue portée sur le sol allemand.
Une réponse aux défaites électorales du SPD ?
Les votes de sanctions virulents enregistrés en Saxe et en Thuringe par le SPD et ses deux partenaires de gouvernement y sont pour beaucoup. L’AfD, arrivée en tête, en a profité. Elle est favorable à une fin du conflit, qu’elle présente comme un moyen de soigner une économie allemande chancelante sous les coups de l’explosion des prix de l’énergie, en lui permettant de retrouver l’accès au gaz russe bon marché.
Dans une ligne plus proche de celle du fort mouvement pacifiste, l’Alliance Sahra Wagenknecht a également pu profiter de la défiance de l’opinion publique. Même au sein du SPD, les partisans d’un retour à la politique de détente, telle que mise en œuvre par l’ancien chancelier Willy Brandt, font entendre leur voix. A l’image de l’influent chef du groupe SPD au Bundestag, Rolf Mützenich.
Il n’est pas certain, cependant, que la recherche d’une issue pacifique, chère à Scholz, ne finisse pas par mettre à mal une coalition gouvernementale tripartite, déjà tirée dans tous les sens, avec les Verts et les Libéraux affichant leur attachement à la ligne ultra-atlantiste initiée en 2022.
Débat à la Fête de l’Huma : « Après trois ans de guerre, vers un processus de paix en Ukraine ? » Dimanche, à 14h, à l’espace débat du Village du monde.
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