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Guerre en Ukraine : les frappes russes en série sur les bases aériennes ukrainiennes sont des « signaux inquiétants »

Dans les trois cas, les Russes ont diffusé des vidéos tournées par un drone, chargées de sens selon lesquelles l’appareil a pu pénétrer profondément dans le territoire ukrainien et survoler longuement les bases sans être abattu ou détecté, avant de transmettre des coordonnées précises au système Iskander pour qu’il puisse tirer ses missiles balistiques 9M723.

« Le principal problème est l’absence de systèmes de défense aérienne à très courte portée en Ukraine. La capacité des Russes à envoyer leurs drones si loin en Ukraine pour fournir des coordonnées est essentiellement due à cette faiblesse », explique à l’AFP Konrad Muzyka, directeur de Rochan Consulting, une société polonaise qui analyse les données open source sur la Russie et l’Ukraine.

Pour envoyer ses drones jusqu’ici, « la Russie peut utiliser un deuxième drone qui servira de relais de télécommande pour augmenter la portée », explique une source industrielle européenne du secteur de la défense, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Mais au-delà du problème des drones, les Ukrainiens pourraient aussi frapper le missile avec leurs systèmes anti-missiles comme le Patriot ou le SLM Iris-T ou le SAMP/T donnés par l’Occident. Mais là encore, ils se heurtent au problème de la rareté de leurs moyens, surtout face aux Russes qui attaquent en profondeur les villes, les centrales électriques, etc.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a supplié les puissances occidentales d’accélérer leurs livraisons de ces batteries, armes et avions, d’autant plus que la quasi-totalité de la population vit désormais avec des pénuries d’électricité causées par les bombardements russes.

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« Des choix difficiles »

« L’Ukraine dispose d’un nombre limité de systèmes (anti-aériens) à longue portée et elle doit faire des choix. Ils ne peuvent pas couvrir les villes, les infrastructures critiques, les bases aériennes », a résumé M. Muzyka.

Dans cette guerre d’usure, « les planificateurs ukrainiens doivent constamment faire des choix difficiles et les adapter, car l’aide occidentale est insuffisante pour protéger toutes les cibles que la Russie peut choisir », estime également Alessandro Marrone, directeur du programme de défense du centre de recherche italien IAI.

« Ces frappes à elles seules ne changeront pas le cours de la guerre, mais elles constituent des signaux inquiétants que la Russie se prépare à contrer le déploiement de F-16 » que l’Occident a promis aux Ukrainiens.

Demandés depuis le début de la guerre par l’Ukraine, dont la flotte est composée de peu d’avions soviétiques comparée à l’armada volante russe, une soixantaine de ces avions multirôles américains ont été promis par les Occidentaux pour cet été.

M. Zelensky a insisté sur le fait que 120 à 130 de ces avions étaient nécessaires pour faire la différence, l’Ukraine visant à reprendre le contrôle de son ciel d’ici 2024, un objectif qui semble très ambitieux à l’heure actuelle.

« En 2024, la priorité est de chasser la Russie du ciel, car celui qui contrôle le ciel déterminera quand et comment la guerre se terminera », a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba lors du Forum économique de Davos en janvier.

Selon une source militaire européenne, les tout premiers F1-6 sont arrivés sur le sol ukrainien, mais n’ont pas encore commencé leurs missions.

« Je pense que les Ukrainiens devront les déplacer souvent », a déclaré Muzyka, qui estime que les Ukrainiens ont pris en compte les contraintes logistiques que cela implique. Les avions « ne seront probablement pas près du front, mais cela dépendra bien sûr des options dont ils seront équipés et de leurs missions ».

En revanche, estime-t-il, « les F-16 pourront contrecarrer la capacité russe à mener ce type de frappe (sur des bases aériennes, ndlr) en ciblant soit le drone, soit le missile ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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