Guerre en Ukraine : le secrétaire d’État américain en visite d’urgence en Europe
Le secrétaire d’État rencontrera des responsables de l’OTAN et de l’Union européenne mercredi 13 novembre « pour discuter du soutien à l’Ukraine dans sa défense contre l’agression russe », a indiqué son porte-parole dans un communiqué. Matthieu Miller. Le déplacement de M. Blinken ressemble beaucoup à un voyage d’urgence dans la capitale belge et européenne, sur fond d’inquiétudes de la part de l’Ukraine et de plusieurs capitales du Vieux Continent quant à la pérennité du soutien à Kiev après la réélection de M. Trump le Le 5 novembre, à laquelle s’ajoute une crise politique en Allemagne.
L’ancien président des États-Unis (2017-2021), qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier, est déjà en action : il s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’avec le président russe Vladimir Poutine pour lui demander de ne pas provoquer une escalade de la guerre, selon le Washington Post. Mais le Kremlin a démenti que les deux hommes se soient parlé, une « pure invention » selon Moscou.
Donald Trump s’apprêterait également, selon la presse américaine, à nommer l’influent sénateur de Floride Marco Rubio comme secrétaire d’État. Ce dernier a récemment estimé qu’« il faut mettre fin » à la guerre en Ukraine, dans une « impasse » selon lui. Le magnat de 78 ans a régulièrement affirmé qu’il pourrait mettre fin à la guerre « en un jour » avant même de prendre ses fonctions, sans jamais détailler comment il s’y prendrait.
Une journée. Mais il remet en question les dizaines de milliards de dollars dépensés par Washington pour l’Ukraine, soit plus de 60 milliards de dollars d’aide militaire depuis l’invasion russe en février 2022. Le président sortant Joe Biden veut donc accélérer l’acheminement de l’aide militaire à l’Ukraine et continuer à mettre en place des aides militaires à l’Ukraine. mettre en place des mécanismes pour que les Européens prennent le relais.
Reste de l’enveloppe votée au printemps à hauteur de 9,2 milliards de dollars à allouer, dont 7,1 milliards à puiser dans les stocks d’armes américains et 2,1 milliards pour financer des contrats d’achat d’armes, selon le Pentagone. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a soulevé dimanche la somme de six milliards de dollars et a mis en garde contre les risques d’une cessation du soutien des Etats-Unis.
« D’ici la fin de l’administration (sortante), ils vont essayer d’expédier tout ce qui est disponible », comme des véhicules blindés et des munitions pour armes légères, « dont l’Ukraine a besoin et que les Etats-Unis possèdent en grande quantité », a-t-il ajouté. « , a déclaré à l’AFP Mark Cancian, du Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington.
Pression. Alors que Berlin est en pleine crise politique, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a mis en garde contre le risque de voir Vladimir Poutine profiter de la transition politique aux Etats-Unis pour accroître son avantage en Ukraine. Tout ce que l’Europe peut apporter à l’Ukraine « doit être mobilisé dès maintenant », a déclaré le ministre, insistant sur le renforcement de la défense anti-aérienne du pays.
La visite de M. Blinken, qui dispose de très peu de marge de manœuvre jusqu’au 20 janvier, intervient alors que des attaques de drones d’une ampleur sans précédent ont visé l’Ukraine et la région de Moscou le week-end dernier, et que des milliers de soldats nord-coréens se rassemblent dans la région frontalière russe de Koursk. Le New York Times affirmait que Moscou avait massé 50 000 soldats, dont des Nord-Coréens, pour tenter de déloger les troupes ukrainiennes qui contrôlaient depuis trois mois cette partie de la région de Koursk. « Quelle que soit l’approche adoptée par les dirigeants américains à l’égard de l’Ukraine, l’Europe devra se mobiliser et prendre la tête des efforts de défense de l’Ukraine », a récemment assuré Olena Prokopenko, du German Marshall Fund. , un centre de recherche transatlantique.
« Malheureusement, la victoire de Donald Trump arrive sans doute au pire moment possible en ce qui concerne l’état politique et économique de l’Europe et sa capacité à se coordonner rapidement », a-t-elle ajouté. À Bruxelles, on craint également que les membres de l’UE traitent la prochaine administration Trump de manière bilatérale, ce qui affaiblirait encore davantage l’Union européenne, note-t-elle.
Léon BRUNEAU
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