Guerre en Ukraine : le Premier ministre hongrois Viktor Orban se rend en Ukraine pour la première fois depuis le début de l’invasion russe
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban effectue mardi 2 juillet sa première visite en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, malgré de fortes tensions liées à sa proximité avec Moscou et son opposition à l’aide à Kiev.
Le leader nationaliste « est arrivé à Kiev pour des entretiens avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky », a déclaré son attaché de presse Bertalan Havasi, cité par l’agence de presse nationale MTI.
Il s’agit avant tout de discuter de « la possibilité de parvenir à la paix », a-t-il ajouté.
Viktor Orban, dont le pays vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour six mois, se démarque nettement des autres dirigeants occidentaux sur la question ukrainienne.
Par exemple, il bloque régulièrement l’aide militaire à l’Ukraine, qui est extrêmement précieuse pour Kiev, et continue d’appeler à un cessez-le-feu.
Au début de l’année, il avait opposé son veto à un plan de 50 milliards d’euros. Celui-ci a finalement été validé, mais avec un retard dénoncé par les responsables ukrainiens.
Le dirigeant eurosceptique, au pouvoir sans interruption depuis 2010, s’était également farouchement opposé à toute discussion sur une adhésion de l’Ukraine à l’UE, jugeant que le pays n’y était pas prêt.
Il avait finalement accepté de quitter la table du sommet des dirigeants des Vingt-Sept en décembre dernier, le temps pour ses 26 homologues de décider d’ouvrir des négociations d’adhésion avec Kiev.
Lundi, le président Zelensky a adressé ses « félicitations » à la Hongrie pour le début de sa présidence de l’UE. Il a exprimé l’espoir que le pays promeuve « les valeurs, les objectifs et les intérêts européens communs ».
Vieille querelle
Viktor Orban est resté proche de la Russie et de son président Vladimir Poutine, avec qui l’Occident a coupé les ponts depuis le début de la guerre en Ukraine.
A contre-courant, il renforce les liens politiques et économiques de son pays avec le Kremlin. La Russie reste une source essentielle de ses besoins énergétiques.
Le dirigeant hongrois désapprouve également les sanctions européennes votées contre la Russie et tente de les assouplir, sans toutefois les bloquer totalement.
Il a qualifié à plusieurs reprises l’invasion russe de l’Ukraine d’« opération militaire », utilisant un euphémisme imposé par le Kremlin pour éviter de parler de guerre.
Viktor Orban a également rencontré Vladimir Poutine à Pékin en octobre 2023 pour discuter de la coopération énergétique.
À l’inverse, ses relations avec Volodymyr Zelensky sont très froides.
Le Premier ministre hongrois a même classé le dirigeant ukrainien parmi ses « opposants » lors d’un discours après sa réélection en 2022.
Volodymyr Zelensky, de son côté, avait dénoncé dès les premiers jours de la guerre le manque de soutien de Viktor Orban.
Ils se sont néanmoins rencontrés à plusieurs reprises, notamment fin juin, lors d’un sommet du Conseil européen à Bruxelles.
En décembre, les deux hommes ont également eu un échange très scruté lors de l’investiture du président argentin Javier Milei.
Des images publiées en ligne ont montré ce qui semblait être une conversation tendue, Zelensky qualifiant l’échange de « franc ».
Une rencontre entre les deux dirigeants était en discussion depuis plusieurs mois, selon des déclarations de responsables ukrainiens.
Leurs ministres des Affaires étrangères respectifs se sont rencontrés fin janvier pour préparer un entretien entre leurs dirigeants.
Le différend entre les deux pays n’est pas nouveau et les relations diplomatiques s’étaient déjà détériorées avant l’invasion, car l’Ukraine a adopté depuis 2017 une série de mesures controversées, notamment sur l’enseignement de la langue ukrainienne.
Plus de 100 000 Hongrois vivent en Transcarpatie, une région à l’extrême ouest de l’Ukraine qui était sous le contrôle de Budapest jusqu’à la Première Guerre mondiale.
La Hongrie, qui partage une frontière avec l’Ukraine, a également accueilli beaucoup moins de réfugiés que la plupart des pays membres de l’UE.