Nouvelles locales

Guerre en Ukraine : Kiev poursuit son incursion en Russie, les régions de Koursk et Belgorod procèdent à des évacuations

L’incursion ukrainienne en Russie se poursuit. Des « milliers » de soldats ukrainiens avancent sur le sol russe dans la région de Koursk, selon un haut responsable ukrainien. Côté russe, Moscou assure stopper de multiples avancées en profondeur sur son territoire, mais des évacuations de populations étaient en cours lundi matin dans la région attaquée et dans la région voisine de Belgorod, selon les autorités.

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir déjoué des « tentatives de percée » de « groupes blindés mobiles » ennemis près des villes de Tolpino, Zhuravli et Obshchi Kolodez, situées à environ 30 km à vol d’oiseau de l’Ukraine. Le ministère a ajouté que ces avancées avaient été stoppées par des frappes aériennes, de drones et d’artillerie et par l’envoi de réserves du groupe « Nord », déployé dans la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est).

La région voisine de Koursk, dans la région de Belgorod, a annoncé tôt ce matin l’évacuation des habitants d’un district. « La matinée va être alarmante pour nous : il y a une activité ennemie à la frontière du district de Krasnoïarsk », a déclaré le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov, dans une vidéo sur Telegram. « Pour la sécurité de la vie et de la santé de notre population, nous commençons à déplacer » les habitants, a-t-il déclaré.

Un peu plus tard, une décision similaire a été prise à Koursk. « Le centre d’opérations régional a pris la décision d’évacuer les habitants » du district de Belovsky, a déclaré sur Telegram le gouverneur régional par intérim Alexeï Smirnov. Au 1er janvier 2022, près de 15 000 personnes y vivaient, selon les chiffres officiels.

« Le but est d’étendre les positions de l’ennemi »

Après des mois de recul face aux troupes russes sur le front de l’Est, l’Ukraine a lancé mardi une opération d’ampleur inédite dans la région frontalière de Koursk, y prenant le contrôle de plusieurs localités, selon des analystes.

« L’objectif est d’étirer les positions de l’ennemi, de lui infliger un maximum de pertes, de déstabiliser la situation en Russie (…) et de transférer la guerre sur le territoire russe », a déclaré samedi soir à l’AFP un responsable de sécurité ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat. Il a assuré que des « milliers » de soldats ukrainiens participaient à l’opération. Mais, pour l’instant, elle ne semble pas avoir changé la situation sur le front de l’Est, a reconnu le responsable.

VidéoIncursion de l’Ukraine en Russie : des « milliers » de soldats déployés pour « étirer » l’armée russe

L’attaque a cependant « pris les Russes au dépourvu » et « renforcé notre moral, celui de l’armée ukrainienne, de l’Etat et de la société » épuisés par deux ans et demi d’invasion, a poursuivi le responsable. Tôt ou tard, la Russie « arrêtera » les unités ukrainiennes dans la région de Koursk, mais si « après un certain temps, elle ne parvient pas à reprendre ces territoires, ils pourront être utilisés à des fins politiques », par exemple lors de négociations de paix, a-t-il dit.

Le gouverneur de la région de Koursk, Alexeï Smirnov, a reconnu dimanche que la situation était « difficile ». Ramzan Kadyrov, qui dirige la région russe de Tchétchénie, a déclaré le même jour qu’une unité de ses combattants tchétchènes, considérés comme les soldats les plus brutaux et les plus endurcis du pays, était active dans la région attaquée.

Incendie à la centrale électrique de Zaporizhia

Des journalistes de l’AFP ont vu dimanche sur les routes de la région de Soumy, dans le nord de l’Ukraine, frontalière de Koursk, des dizaines de blindés ukrainiens. Ces véhicules, de différents types, sont marqués d’un triangle blanc qui sert clairement à identifier les troupes participant à cette offensive. Après des jours de silence sur l’opération, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu pour la première fois son existence dans son discours quotidien samedi soir, expliquant que Kiev cherchait à « déplacer la guerre sur le territoire de l’agresseur ».

En réponse à cette attaque, la Russie a envoyé des renforts et instauré un régime « antiterroriste » dans trois régions frontalières de l’Ukraine, dont Koursk. Samedi, elle a annoncé avoir évacué plus de 76.000 personnes de la zone touchée par l’incursion vers des « lieux sûrs ». L’Ukraine a de son côté demandé l’évacuation d’au moins 20.000 civils de la région de Soumy.

Un incendie s’est déclaré dimanche soir en Ukraine dans le système de refroidissement de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhia, fermée et occupée par les forces armées russes. Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’en être responsables.

L’AIEA a affirmé qu’il n’y avait « aucun impact sur la sécurité nucléaire », tout en dénonçant une nouvelle fois « des attaques irresponsables qui (…) augmentent le danger d’un accident nucléaire ». Le chef de l’administration mise en place par les Russes dans la région, Vladimir Rogov, a déclaré lundi matin que l’incendie avait été « complètement éteint ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page