Aucune raison « juridique, sécuritaire ou morale » ne s’y opposerait, selon elle. L’Ukraine a proposé mardi à ses alliés d’abattre depuis leur territoire les missiles russes la visant, si « tous les moyens nécessaires » pour ce faire n’étaient pas fournis aux forces ukrainiennes, dépourvues de systèmes de défense antiaérienne.
La proposition est venue du chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, lors d’une conférence de presse à Kiev avec son homologue allemande Annalena Baerbock, qui a estimé que les hésitations sur l’aide militaire à l’Ukraine « menacent » la sécurité des Occidentaux. « Il n’existe aucun argument juridique, sécuritaire ou moral qui empêcherait nos partenaires d’abattre des missiles russes au-dessus du territoire ukrainien depuis leur territoire », a déclaré Dmytro Kuleba.
Au début de l’invasion, l’Ukraine avait déjà appelé l’Occident à l’aider à détruire les missiles russes au-dessus de son territoire, mais ses alliés estimaient alors que le risque d’escalade du conflit était trop grand. Dmytro Kouleba a écarté cet argument mardi, soulignant que tirer des missiles ne mettait pas en danger la Russie ou les soldats russes. « Si vous ne voulez pas le faire, donnez-nous tous les moyens nécessaires. Nous les déploierons sur le territoire ukrainien et nous intercepterons nous-mêmes ces missiles », a-t-il conclu.
Lors d’une visite surprise à Kiev, Annalena Baerbock a insisté sur la nécessité de livrer le plus rapidement possible davantage de moyens anti-aériens à l’Ukraine. « Chaque hésitation et chaque retard dans le soutien à l’Ukraine coûte des vies innocentes. Et toute hésitation à soutenir l’Ukraine met également en danger notre propre sécurité », a déclaré le ministre allemand. Selon elle, le président russe Vladimir Poutine « ne connaît pas de limites » et a lancé une campagne visant à « détruire » l’Ukraine, citant l’exemple du bombardement incessant de son réseau électrique par la Russie.
«La meilleure protection contre le terrorisme des missiles russes est de renforcer la défense aérienne de l’Ukraine. C’est donc pour nous une priorité absolue ces jours-ci », a déclaré Annalena Baerbock. Son déplacement intervient au moment d’intenses combats dans la région frontalière de Kharkiv, où les troupes moscovites sont à l’offensive depuis le 10 mai, et après une nouvelle attaque nocturne de drones russes sur Kharkiv et d’autres régions ukrainiennes.
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En réponse à Annalena Baerbock, le Kremlin a déclaré qu’une augmentation des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine ne modifierait pas l’avantage actuel de la Russie sur le front. « Cela ne permettra pas aux forces armées ukrainiennes de modifier d’une manière ou d’une autre la dynamique sur les fronts », a déclaré aux journalistes son porte-parole, Dmitri Peskov. Par ailleurs, la Russie a annoncé mardi le début, à proximité du territoire ukrainien, d’exercices impliquant des armes nucléaires, affirmant qu’il s’agissait d’une réponse aux « menaces » occidentales.