Alors que l’armée ukrainienne est en difficulté sur le front de l’Est, ses drones navals lui confèrent la supériorité sur la flotte russe de la mer Noire, contrainte de quitter sa base historique de Sébastopol.
Si l’armée ukrainienne peine dans les airs depuis l’invasion de son territoire par l’armée russe en février 2022, et sur le front du Donbass – où sa contre-offensive lancée en juillet 2023 a été déjouée – elle fait face à l’avancée méticuleuse des Russes, et Kiev et d’autres villes doivent faire face à des attaques régulières de missiles et de drones, elle peut néanmoins revendiquer un succès : le contrôle de la mer Noire.
20% de la flotte russe perdue
Depuis le début de la guerre, Kiev a en effet accumulé les succès et miné les capacités russes, notamment la flotte russe basée à Sébastopol et d’où la Russie lance des missiles vers l’Ukraine.
En avril 2022, l’armée ukrainienne réussissait un coup de maître en coulant le croiseur Moskva, fleuron de la flotte russe et plus gros navire détruit au combat depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans les mois qui ont suivi, l’Ukraine a frappé de nombreux navires russes, dont le navire de débarquement Caesar Kunikov. En deux ans, près de 20 % de la flotte russe aurait été perdue.
Ce lundi, le ministère ukrainien de la Défense a annoncé avoir « attaqué avec succès » et « coulé le sous-marin d’attaque B-237 Rostov-na-Donu (Rostov-sur-le-Don, ndlr) dans le port de Sébastopol ». Un sous-marin qui avait déjà été touché une fois le 13 septembre 2023, subissant de graves dommages. Mi-juillet, une source russe avait estimé à l’agence russe Tass que « le sous-marin avait été retiré avec succès de la cale sèche et que ses réparations se poursuivaient dans l’eau ».
Si l’attaque de septembre 2023 avait été menée par des missiles de croisière britanniques Storm Shadow, celle qui a eu lieu le 1euh L’opération annoncée lundi, qui devait avoir lieu en août, aurait été menée avec des missiles américains ATACMS.
Si l’on ignore encore si le sous-marin a été coulé ou endommagé à nouveau, ce dernier épisode illustre la bataille qui se joue en mer Noire, qui n’est pas à l’avantage des Russes. Le plus remarquable est que l’armée ukrainienne a pris le dessus en mer alors que sa marine n’existe plus : les navires vieillissants dont elle disposait ont été capturés, sabordés ou détruits dès les premiers jours de l’invasion russe.
Des drones navals redoutables
Face à cette situation et à l’image de ce qu’elle a fait dans le ciel avec les drones, l’armée ukrainienne a développé un véritable savoir-faire en matière de drones navals, notamment les redoutables drones Magura qui ont été, en juin dernier à Paris, les stars du stand ukrainien à Eurosatory, le plus grand salon international de défense et de sécurité terrestre. Le Magura V5, long de 5 mètres et doté d’une portée de 960 km et d’une charge utile de 320 kg, a ainsi fait des ravages dans la flotte russe en mer Noire.
Si la flotte russe est toujours opérationnelle, les coups portés par les Ukrainiens l’ont obligée à quitter Sébastopol et la Crimée pour se réfugier plus au sud, à Novorossiisk. Une honte pour les Russes qui pensaient contrôler la mer Noire depuis l’annexion de la Crimée en 2014.
« Presque tous les principaux navires prêts au combat ont été déplacés de la base principale de la flotte de la mer Noire, certains vers Novorossiysk, d’autres vers la mer d’Azov », a déclaré début juillet à Reuters le commandant de la marine ukrainienne et vice-amiral Oleksiy Neijpap, estimant que l’Ukraine avait coulé ou endommagé 27 navires russes.
Ces succès ne permettent toutefois pas de modifier la guerre en Ukraine et la flotte russe, bien que n’étant plus opérationnelle en mer Noire, reste puissante. Elle a mené fin juillet des exercices de grande envergure avec quelque 300 navires dans les océans Pacifique et Arctique et dans les mers Baltique et Caspienne.