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Guerre en Ukraine : comment la Russie s’appuie sur l’Église orthodoxe pour diffuser sa propagande

Deux ans après avoir envahi l’Ukraine, la Russie poursuit sa propagande et implique de plus en plus l’Église orthodoxe.
Sur le front du Donbass, le 20H de TF1 a suivi un prêtre au service des militaires.
A Moscou, un autre partage la prière qu’il est désormais obligé de réciter et qui affirme que la Russie est le pays attaqué.

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Plus de deux ans de guerre en Ukraine

De l’eau bénite aspergée sur un véhicule blindé et une prière dite sur le front. Alors que la guerre en Ukraine s’enlise, la Russie compte sur l’Église orthodoxe pour soutenir sa propagande. D’abord dans le Donbass, où les combats sont les plus meurtriers, le 20 heures de TF1 suit Piotr Grisenko, un prêtre travaillant auprès des soldats russes.

Devant notre caméra, comme le montre le reportage visible en tête de cet article, il asperge d’eau bénite les militaires et leur véhicule et prie pour eux. « Chaque objet peut être béni ou sacré, le but est que les soldats à l’intérieur restent en vie même si le blindé est touché », explique le curé. Celui qui a rejoint les séparatistes prorusses il y a dix ans nous emmène ensuite plusieurs mètres sous terre, là où a été aménagée une chapelle.

Comme chaque jour, elle est bondée de soldats rassemblés pour prier. Le prêtre leur distribue également des insignes avec une icône du Christ et une croix orthodoxe à placer sur leur uniforme. « Ces insignes vous protégeront, comme ils protégeaient les autres soldats. » Piotr Grisenko les assure. Ce jour-là, deux soldats russes furent également baptisés, une pratique courante avant une bataille. « Nous ne vivons pas longtemps ici, mais là-haut nous vivrons éternellement »assure le religieux. « On pense que Dieu, pour les exploits ici sur terre, accueillera les âmes des soldats russes dans son royaume céleste. »

« Le Christ a vaincu l’enfer et la Russie vaincra », assure une affiche de propagande

La mobilisation de l’Église orthodoxe s’impose également loin des champs de bataille. A Moscou, des affiches commandées par le ministère des Armées et affichées dans les rues proclament par exemple « Le Christ a vaincu l’enfer et la Russie vaincra », « Je crois en moi. Je crois en Dieu. Je crois en la victoire »ou :« Si Dieu est avec nous, qui est contre nous ? Des messages aux accents de guerre sainte, une guerre contre « Satanisme » de l’Occident, selon les termes utilisés par Vladimir Poutine.

Dans la rue, les habitants se mélangent à ces affiches de propagande. « Je trouve ça bien, la religion orthodoxe nous unit contre le fascisme et le nationalisme » » avance un passant. « Il ne faut pas mélanger religion et guerre« , estime au contraire un autre. « Selon les saints évangiles, les prêtres devraient appeler à la paix »ajoute une troisième personne.

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Ce message se retrouve également dans les paroisses du pays, où les prêtres ont de nouvelles obligations. Par décret, la prière pour la victoire de la Sainte Russie doit être récitée. Ceci est conforme au discours politique officiel et affirme que la Russie est le pays attaqué.

« Cette prière explique que ceux qui font la guerre combattent contre la Sainte Russie, ils veulent diviser notre peuple »explique le prêtre Alexandre Borissov. « Dans ma paroisse, je dirais que 80% des fidèles apprécient cette prière et partagent la politique actuelle, et 20% pensent que la Russie a commis une erreur, qu’elle a attaqué et agressé l’Ukraine. » Mais l’effet de ces discours est difficile à mesurer, car si 72 % de la population russe se déclare orthodoxe, moins de 2 % la pratiquent.


Émilie ROUSSEY TF1 | Reportage Jérôme Garro

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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