La capacité de la Russie à poursuivre sa guerre contre Kiev dépend en grande partie de l’Occident : les composants électroniques avancés et les équipements industriels fabriqués en Occident sont essentiels au complexe militaro-industriel de Moscou, tout comme les ventes d’hydrocarbures via des pays tiers.
Mais les entreprises et les pays qui servent d’intermédiaires pour permettre au Kremlin d’accéder à ces ressources sont une cible privilégiée des nouvelles séries de sanctions, mettant la Russie dans une position de plus en plus difficile.
Des sanctions que Moscou tente de contourner
Les sanctions occidentales contre la Russie, imposées depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et considérablement renforcées depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, visent à entraver la production militaire russe et à faire chuter les revenus de l’État belligérant. Gel des avoirs étrangers, plafonnement du prix du pétrole, sevrage du gaz, restrictions des exportations vers la Russie… Les trains de sanctions se succèdent.
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Ils ont poussé le Kremlin à trouver des moyens détournés pour continuer à importer les armes dont il a besoin et à vendre des hydrocarbures. Une « flotte fantôme » de navires décrépits et non assurés continue de vendre du pétrole à un prix bien supérieur à celui fixé par l’Occident, tandis que Moscou est passé maître dans l’art d’utiliser des pays neutres et des intermédiaires pour accumuler les équipements et les ressources que Washington, Bruxelles ou Tokyo refusent de lui vendre.
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Ce sont peut-être ces subterfuges qui permettent à la Russie de maintenir son économie à flot, et de décevoir les espoirs des partisans de l’Ukraine. Selon le FMI, la croissance du pays s’élèverait ainsi à plus de 3 % en 2023, et serait sur la même voie cette année. De plus, l’augmentation des salaires destinée à contrer la pénurie de main-d’œuvre, combinée à un accès plus facile à la propriété grâce aux subventions gouvernementales, donne l’impression que Moscou a réussi à contenir l’impact des sanctions sur sa population.
Les intermédiaires, nouvelles cibles de l’Occident
Mais malgré ces signaux positifs, les difficultés commerciales du pays s’accentuent. La raison en est que ces derniers mois, le camp occidental a commencé à attaquer les entreprises et les États intermédiaires qui aident Moscou à s’approvisionner et qui pourraient désormais être touchés par les sanctions.
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Les États-Unis ont donc récemment modifié leurs règles pour sanctionner les cibles secondaires, y compris désormais « institutions financières étrangères« Pour « ayant effectué ou facilité des transactions importantes, ou fourni un service, impliquant une personne bloquée en vertu du décret exécutif 14024 (y compris les principales banques russes) »Le nouveau ciblage rend les banques étrangères, notamment chinoises, beaucoup plus réticentes à participer au contournement des sanctions, vous expliquions-nous récemment.
Selon le média russe Vedomosti, 494 entreprises de 57 pays différents ont été visées par des sanctions secondaires entre février 2022 et juin 2024. Dans plus de la moitié des cas, les sanctions étaient dues à la fourniture de produits électroniques et industriels à la Russie, le deuxième cas le plus fréquent étant lié aux liens entre une entreprise et des individus déjà sanctionnés.
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Les entreprises asiatiques se détournent de Moscou
L’impact des nouvelles règles est évident au vu des difficultés commerciales actuelles de la Russie : selon The Insider, les importations en provenance de Turquie ont chuté de près de 30 % en six mois, tandis que les échanges avec la Chine ont diminué après avoir bondi, malgré le passage du pays au yuan au lieu du dollar pour ses échanges commerciaux.
Selon les principaux exportateurs russes interrogés par Bloomberg en juillet, les paiements entre les deux pays sont désormais souvent gelés ou retardés. Kommersant note que 80 % des virements bancaires russes en yuans vers la Chine sont désormais renvoyés, par crainte de sanctions secondaires. Les transactions entre la Chine et la Russie sont donc contraintes de passer par des intermédiaires, comme les banques d’Asie centrale, qui craignent également de nouvelles sanctions.
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Ainsi, malgré le soutien de Pékin à Moscou, ainsi que le maintien de partenariats entre la Russie et plusieurs pays asiatiques, les entreprises privées craignent d’être ciblées par Washington. Au total, les importations en provenance d’Asie ont chuté de 4 % au cours des cinq premiers mois de 2024, soit un recul global de 8,5 %.
Un problème majeur pour Moscou, puisque l’augmentation des importations russes en 2023, qui ont presque atteint leur montant de 2021 en termes de valeur marchande, est due à l’Asie. Alors que les importations en provenance d’Europe ont chuté de 89 à 78 milliards de dollars, celles en provenance du continent asiatique ont bondi de 145 à 178 milliards de dollars, selon The Insider. L’objectif russe de remplacer les produits européens par des biens en provenance d’Asie n’est donc pas encore devenu une réalité, et la baisse visible des importations pourrait à terme peser sur l’effort de guerre russe.