Lors d’un voyage surprise à Kiev, le chancelier allemand Olaf Scholz a promis 650 millions d’euros d’aide militaire à l’Ukraine mais refuse toujours de livrer des missiles Taurus malgré les demandes répétées de Volodymyr Zelensky.
Le chancelier Olaf Scholz a promis lundi nouvelle aide militaire à l’Ukraine lors de son arrivée à Kiev pour une visite symbolique, en pleine campagne électorale pour les élections législatives en Allemagne.
Ce voyage surprise d’une journée intervient au moment où les forces ukrainiennes se replient sur le front et où l’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre un arrêt de l’aide américaine à Kiev.
Cela intervient également un peu plus de deux semaines après une conversation téléphonique entre Olaf Scholz et le président russe Vladimir Poutine, qui a valu au dirigeant allemand un torrent de critiques.
Sa visite vise à « exprimer » sa « solidarité avec l’Ukraine »selon la chancellerie. Tout comme celui du nouveau chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, et du président du Conseil européen, Antonio Costa, qui se sont également rendus dimanche dans la capitale ukrainienne.
La dernière visite de Scholz dans le pays remonte à Juin 2022, notamment en compagnie du président français Emmanuel Macronquelques mois après le début de l’invasion russe en février 2022.
Olaf Scholz a annoncé à son arrivée une nouvelle aide militaire allemande pour un montant de 650 millions d’eurosqui sera livré en décembre.
Depuis l’invasion russe, l’Allemagne est le deuxième fournisseur d’aide militaire à Kiev, après les États-Unis.
Et Berlin « restera le principal soutien de l’Ukraine en Europe »a assuré le chef du gouvernement allemand.
L’armée russe accélère
Mais malgré les demandes répétées du président ukrainien Volodymyr Zelensky, la chancelière a inlassablement refusé de fournir à Kyiv des missiles à longue portée Taurusexpliquant qu’il voulait éviter une escalade avec Moscou.
Alors que le président ukrainien a encore exigé ce week-end une invitation à rejoindre l’OTAN « nécessaire à la survie » de l’UkraineL’Allemagne fait partie des alliés du pays qui considèrent cette approche comme prématurée.
Volodymyr Zelensky a assuré dimanche que son pays avait besoin plus d’armes et de garanties de sécurité de la part de l’OTAN avant d’éventuelles négociations avec la Russie.
Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines, l’Ukraine ayant récemment tiré des missiles américains et britanniques à longue portée sur la Russie.
En réponse, le Kremlin a lancé un missile hypersonique expérimental sur une ville ukrainienne, menaçant également de frapper l’Europe et les États-Unis.
L’Ukraine a également été la cible ces dernières semaines de plusieurs vagues de frappes visant ses infrastructures énergétiques, qui ont provoqué des pannes de courant massives à l’approche de l’hiver.
Sur le front de l’est du pays, les avancées de l’armée russe s’accélèrent jusqu’à atteindre un niveau jamais vu depuis les toutes premières semaines de la guerre.
Après presque trois ans de guerre, les appels à entamer des négociations avec Moscou se font plus pressants.
Motivations internes
Une perspective qu’Olaf Scholz n’a pas évoqué dans un premier temps, qui devait être reçu plus tard par Volodymyr Zelensky.
« L’Ukraine peut compter sur nous. Nous disons ce que nous faisons. Et nous faisons ce que nous disons », a-t-il déclaré.
Olaf Scholz est un leader affaiblidont la coalition a été brisée début novembre.
Candidat du Parti social-démocrate aux élections législatives anticipées qui seront organisées le 23 février prochain. il est donné perdant par les sondages contre les conservateurs. Dans sa campagne, le leader de centre-gauche cherche à se présenter comme chancelier de la paix et partisan de la retenuetandis que les conservateurs prônent une augmentation de l’aide à l’Ukraine.
Samedi, lors d’un discours de campagne, Olaf Scholz a promis de garder « la tête froide » au sujet de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, dénonçant les accents bellicistes de son adversaire conservateur Friedrich Merz.
Cette dernière est favorable sous certaines conditions à une livraison de missiles allemands Taurus à Kiev, permettant de frapper en profondeur le territoire russe.
Une ligne rouge pour Olaf Scholz, qui s’oppose sur ce point à ses alliés américains, français et britanniques, dans un pays pacifiste traversé par un courant d’opinion pro-russe important.