De quoi parlait-il exactement ? Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche que la Turquie pourrait intervenir en Israël comme elle l’a fait par le passé en Libye et au Haut-Karabakh, mais n’a pas précisé de quel type d’intervention il suggérait.
« Nous devons être très forts pour empêcher Israël de faire ces choses ridicules à la Palestine. Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pourrions faire la même chose », a déclaré Erdogan lors d’une réunion de son parti au pouvoir, l’AKP, dans sa ville natale de Rize. Son discours a été télévisé. « Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas le faire… Nous devons être forts pour pouvoir prendre ces mesures », a-t-il ajouté. Les représentants de l’AKP n’ont pas répondu aux appels demandant plus de détails sur ces déclarations.
Depuis le début de la guerre de Gaza, les relations entre Israël et la Turquie se sont considérablement détériorées. Erdogan a qualifié le Hamas islamiste d’« organisation de libération » et a comparé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Adolf Hitler. Dans un discours au parlement turc en mai dernier, le président du pays a déclaré à son parti qu’« Israël ne devrait pas s’arrêter à Gaza ». « Si on ne l’arrête pas (…) cet État voyou et terroriste jettera tôt ou tard son dévolu sur l’Anatolie », avait-il déclaré à l’époque, promettant que la Turquie « continuerait à soutenir le Hamas, qui se bat pour l’indépendance de son propre pays ».
Avertissement du ministre israélien des Affaires étrangères
À quoi faisait allusion le président ? En 2020, alors que le pays était en proie à une guerre civile larvée, la Turquie avait envoyé du personnel militaire en Libye pour soutenir le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU, dans le cadre d’un mémorandum de coopération sécuritaire et militaire avec Ankara. La Libye et la Turquie venaient de signer un accord de délimitation maritime controversé qui avait suscité la colère de l’Union européenne. Ankara continue de fournir du matériel et du personnel militaire et a étendu sa sphère d’influence sur les hydrocarbures libyens.
L’année dernière, alors que l’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputaient à nouveau la région séparatiste du Haut-Karabakh, la Turquie a nié tout rôle direct dans les opérations militaires azerbaïdjanaises, mais a déclaré qu’elle utilisait « tous les moyens », y compris la formation et la modernisation militaires, pour soutenir son proche allié et permettre la reconquête complète de l’enclave arménienne.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a mis en garde dimanche soir le président turc après les menaces d’intervention en Israël. « Erdogan marche dans les pas de Saddam Hussein et menace d’attaquer Israël. Il devrait se rappeler ce qui s’est passé là-bas et comment cela s’est terminé », a déclaré M. Katz dans un message sur X, accompagné de photos des deux hommes face à face.
En 2003, les troupes américaines envahissent l’Irak. L’opération militaire entraîne la chute du dictateur irakien Saddam Hussein. Trois ans plus tard, il est pendu après avoir été jugé pour les massacres de Kurdes et de chiites.
