Guerre à Gaza : une vidéo d’otage choque Israël
Une vidéo filmée par le Hamas de cinq jeunes soldats israéliens maltraités et rendue publique à la demande de leurs familles a provoqué une onde de choc en Israël qui a décidé de relancer les négociations sur un cessez-le-feu.
Le « choc des images » : rarement cette expression clichée aura été aussi justifiée que par les 3 minutes et 10 secondes de cette vidéo diffusée mercredi en Israël. En désespoir de cause, les familles des cinq jeunes soldats, maltraités, au visage ensanglanté, chargés de surveiller les vidéos de surveillance à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, ont accepté de rendre publiques ces scènes d’horreur. Ils se sont produits le 7 octobre au matin au poste militaire de Nahal Oz lors de l’invasion des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui ont perpétré des massacres et pris plus de 250 otages, dont cinq jeunes femmes.
« Vous êtes des chiens, nos frères meurent à cause de vous, nous allons tous vous tuer », crie l’un des ravisseurs aux soldats paniqués, les mains liées dans le dos et dont certains portent des traces de coups. Ces images diffusées par les chaînes de télévision et les réseaux sociaux ont choqué la population israélienne.
Reprise des négociations
Son impact fut tel que quelques heures après leur diffusion, le cabinet de guerre dirigé par Benjamin Netanyahu donnait son feu vert à une reprise des négociations sur la libération des 124 otages détenus par le Hamas, dont au moins 37 morts selon l’armée, et sur un cessez-le-feu. Ces discussions sont complètement bloquées depuis des semaines. La délégation israélienne a cette fois obtenu un mandat plus large pour accepter d’éventuelles concessions. Le Premier ministre a également tiré une autre leçon du traumatisme de la vidéo.
Il décide de diffuser au monde un film de 43 minutes réalisé à partir d’images vidéo trouvées sur les téléphones portables d’islamistes tués lors des combats. Ces images ont été montrées dès le début de la guerre à des groupes de journalistes et de diplomates. Une version abrégée, partiellement censurée en raison de la cruauté de certaines scènes d’exécution, sera disponible.
Série d’échecs
Comme le soulignent les médias, cette initiative vise à tenter de marquer des points dans la bataille de l’opinion publique internationale après les cuisants échecs sur ce front infligés à Israël cette semaine. La Norvège, l’Espagne et l’Irlande ont reconnu l’existence d’un État palestinien, malgré tous les avertissements de Benjamin Netanyahu. D’autres pays européens pourraient suivre l’exemple. Karim Khan, le procureur général de la Cour pénale internationale de La Haye, a demandé que cette institution émette des mandats d’arrêt internationaux contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense. Les relations avec le grand allié américain connaissent également des turbulences.
Sur le plan intérieur, les familles des otages espèrent que l’élan de pitié et d’indignation suscité par la vidéo obligera Benjamin Netanyahu à tout faire pour parvenir à un accord sur les otages, mais aussi pour remobiliser l’opinion publique sur leur sort en encourageant les manifestations.
« Dernière cartouche »
« C’est notre dernière cartouche, pour espérer revoir notre fille vivante », a expliqué Shira Albag, la mère de Liri, l’une des cinq militaires kidnappées. « Les Israéliens sont fatigués », déplore-t-elle, faisant référence à la baisse de fréquentation et de motivation lors des rassemblements organisés pour la libération des otages.
Toute la question est de savoir si une solution de compromis peut être trouvée sur la question clé de la poursuite de la guerre. Le Hamas exige la fin des combats comme condition préalable à tout accord et un retrait militaire israélien de la bande de Gaza, afin de maintenir le pouvoir que le mouvement islamiste exerce sans contestation depuis 2007. Mais pour Benjamin Netanyahu, accepter un tel scénario constituerait un aveu d’échec alors qu’il n’a cessé de promettre aux Israéliens l’éradication du Hamas. Pour sortir de l’impasse, les deux parties doivent trouver, à travers l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, une formule suffisamment vague et ambiguë pour que les deux parties puissent faire des concessions sans se remettre en question et sans perdre leur position. affronter.