Israël a remercié mercredi le Sénat américain d’avoir voté une aide militaire de 13 milliards de dollars, estimant que cela envoyait « un message fort » à ses « ennemis », au moment où la guerre à Gaza ne connaît pas de répit.
Plus de six mois après le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, de nombreuses capitales étrangères s’inquiètent des préparatifs en cours d’une opération israélienne sur Rafah.
Le Premier ministre israélien assure depuis des semaines que cette ville, située à l’extrémité sud du territoire palestinien ravagé et où un million et demi de personnes ont trouvé refuge, est le dernier bastion du Hamas.
Mercredi matin, des sources hospitalières et sécuritaires à Gaza ont fait état de frappes aériennes israéliennes dans les secteurs de Nuseirat (centre) et de Rafah. Un correspondant de l’AFP a également fait état d’intenses frappes aériennes et tirs d’artillerie dans la ville de Gaza et dans le nord du territoire assiégé.
Sur le plan diplomatique, Israël a remercié son allié américain pour l’aide militaire qu’il lui a accordée. Cette aide de 13 milliards de dollars doit notamment permettre de renforcer son bouclier antimissile « Iron Dome », déployé à ses frontières.
Cette aide à Israël « est une garantie claire de la force de notre alliance et elle envoie un message fort à tous nos ennemis », une référence au Hamas, mais aussi à l’Iran et au Hezbollah libanais, a déclaré le chef de la diplomatie israélienne Israel Katz.
Le plan américain prévoit également plus de neuf milliards de dollars pour « répondre au besoin urgent d’aide humanitaire à Gaza et dans d’autres populations vulnérables à travers le monde », notamment au Soudan, également en guerre depuis plus d’un an.
– « Situation apocalyptique » –
Cette aide intervient sur fond de manifestations pro-palestiniennes sur les campus américains et alors que les craintes d’une opération à Rafah ne cessent de croître.
Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël s’apprête à déplacer des civils notamment vers la ville voisine de Khan Younes, où il envisage d’installer des abris et des centres de distribution de nourriture.
Cette opération d’évacuation durerait deux à trois semaines et serait menée en coordination avec les États-Unis, l’Égypte et d’autres pays arabes comme les Émirats arabes unis, selon ces responsables.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré qu’il étudiait une « série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, notamment sur l’évacuation des civils ».
« Nous ne voyons pas de plan d’évacuation des civils pour le moment » de Rafah, a déclaré mardi à l’AFP Fabrizio Carboni, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour qui une évacuation massive ne serait pas une option. n’est « pas possible » dans les conditions actuelles.
Pour Jan Egeland, secrétaire général de l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC), une offensive sur Rafah, « le plus grand camp de personnes déplacées au monde », conduirait à une « situation apocalyptique ».
– « Impunité » –
En attendant, la guerre ne connaît aucun répit. L’armée israélienne a annoncé mercredi avoir frappé dans la nuit deux postes de lancement du Hamas dans le sud de la bande de Gaza.
Au cours de la dernière journée, « plus de 50 cibles » ont été touchées, a-t-elle ajouté.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a fait 1.170 morts, principalement des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles. Israéliens.
Plus de 250 personnes ont été kidnappées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon les autorités israéliennes.
En réponse à cette attaque, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a fait jusqu’à présent 34 183 morts, pour la plupart des civils, selon le Hamas.
Mardi, l’ONU a demandé une enquête internationale sur les charniers découverts dans les deux principaux hôpitaux de ces villes, al-Chifa à Gaza et Nasser à Khan Younès, soulignant la nécessité de mettre fin au « climat d’impunité » actuel.
– 340 corps exhumés –
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « horrifié par la destruction » de ces deux hôpitaux « et par la découverte annoncée de charniers dans et autour de ces sites ».
La Défense civile de Gaza a déclaré avoir exhumé depuis samedi 340 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser.
L’armée israélienne a déclaré que les allégations selon lesquelles elle aurait enterré des corps palestiniens étaient « sans fondement ».
Dans les ruines de l’hôpital al-Chifa, un médecin, Amjad Alewah, est venu montrer mardi à un correspondant de l’AFP l’accueil des urgences, calciné et en partie vidé de ses meubles. « Après 200 jours de guerre, nous sommes désormais au milieu des décombres de ce grand hôpital (…) Nous recevons chaque jour des milliers de blessés », se souvient-il.
– Par mer et par terre –
Outre le lourd bilan humain et les destructions massives, la population de Gaza est confrontée à un risque de famine selon l’ONU.
Les États-Unis vont entamer « très prochainement » la construction d’une jetée à Gaza pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers le territoire palestinien, a annoncé mardi le Pentagone.
Ces derniers jours, Israël, qui contrôle l’entrée des marchandises dans la bande de Gaza, a augmenté le nombre de camions humanitaires autorisés à entrer sur le territoire.
Israël et l’ONU ne sont pas toujours d’accord sur le nombre de ces camions humanitaires, mais le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, s’est félicité d’un nombre record de camions entrés sur le territoire en une seule journée.